L’inflation en Russie a considérablement augmenté ces dernières années, principalement en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions économiques imposées par les pays occidentaux. L’inflation annuelle a en effet atteint 8,6% en septembre 2024, bien au-dessus de l’objectif de 4% fixé par la Banque centrale de Russie (BCR). Quelles mesures celle-ci a-t-elle prises pour contrer l’inflation ? Quelles sont les principales causes de cette dernière ? Quelle en est la répercussion sur l’économie russe ?
Les mesures financières prises par la Fédération de Russie
Pour lutter contre cette inflation, la Banque centrale de Russie a pris plusieurs mesures financières. Le taux d’intérêt clé a été augmenté à un record historique de 21% en octobre 2024, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2003, et va s’élever à 23 % en décembre 2024. Cette hausse brutale des taux d’intérêt vise à contrer la spirale inflationniste, en réduisant la demande intérieure et en freinant l’inflation, tandis que les entreprises et le marché russe redoutent les répercussions de cette politique monétaire.
Ce nouveau tour de vis monétaire veut assurer le retour de l’inflation à l’objectif de 4 % selon le communiqué officiel de la BCR. De fait, les analystes craignent que ces mesures ne soient pas suffisantes, car une grande partie de l’économie dépend grandement des dépenses gouvernementales liées à la guerre, et parce que la BCR avait déjà relevé son taux directeur de 18 % à 19 % en septembre 2024 pour tenter d’endiguer l’inflation, mais sans succès immédiat.
La cause essentielle : les dépenses militaires de la Russie
La Russie a considérablement augmenté ses dépenses militaires en raison de la guerre en Ukraine. Depuis 2021, le budget fédéral a explosé, avec une augmentation de près de 50 %, principalement pour financer ces dépenses, et le Parlement russe a validé l’explosion des dépenses militaires le 27 novembre 2024, après la Douma (Chambre basse). En effet, la chambre haute du Parlement russe a validé le projet de loi du budget 2025-2027, qui prévoit une envolée de 30 % des dépenses militaires en 2025.
Le budget pour 2025 prévoit que les dépenses de Défense de la Russie vont atteindre près de 13 500 milliards de roubles (environ 119 milliards d’euros). Au total, au moins 40 % du budget fédéral 2025 seront consacrés l’an prochain à la Défense et à la sécurité nationale.
En 2024, la Russie avait prévu de consacrer près de 9% de son PIB à la défense et à la sécurité, un niveau sans précédent depuis l’époque soviétique. Cette augmentation des dépenses a contribué – et contribue encore – à l’inflation, en créant des pénuries de main-d’œuvre et en augmentant les salaires, et cela ne semble pas devoir s’arrêter tant qu’un effort de guerre et donc d’armement sera nécessaire !
Les impacts sur l’économie russe
Malgré les sanctions économiques prises par les pays occidentaux, l’économie russe a connu une croissance de 4,4% de son PIB au deuxième trimestre de 2024. Les revenus des exportations de pétrole et de gaz ont soutenu cette croissance, bien que la Russie ait dû échapper à un plafond de prix imposé par les gouvernements occidentaux. Cependant, les dépenses militaires élevées et les pénuries de main-d’œuvre continuent de peser sur l’économie.
Le coût élevé des emprunts bancaires pour les entreprises, déjà décrié ces dernières semaines, risque de peser encore plus lourdement sur les investissements dans les secteurs non liés à l’industrie militaire. Beaucoup d’entreprises peinent à financer leurs projets, ce qui est un frein à la croissance économique, et le resserrement monétaire ralentit les investissements et la consommation selon des dirigeants d’entreprises dans un rapport de l’agence « Rosstat ». Il existe un risque non négligeable de faillites en cascade en Russie au cours des années 2025 – 2027 à venir.
Les perspectives d’avenir
La Banque centrale de Russie a indiqué qu’elle pourrait encore augmenter les taux d’intérêt si l’inflation ne ralentit pas suffisamment. Mais les experts craignent que les hausses de taux d’intérêt ne suffisent pas à contrôler l’inflation, car une grande partie de l’économie dépend encore et toujours des dépenses gouvernementales liées à la guerre.
La réorientation massive de l’économie russe vers l’effort de guerre entraîne en effet des pénuries de main-d’œuvre importantes dans plusieurs secteurs clés de l’industrie, et la mobilisation de centaines de milliers d’hommes sur le front ukrainien , liée à l’exode d’une partie de la population, limitent de façon importante les capacités de production du pays, qui risque fort de glisser dans une stagflation, ce qui alimente pour la Russie un avenir économique sombre, impliquant peut-être à un moment donné des choix politiques et stratégiques à faire, pour sauver l’économie, tant l’année 2025 risque d’être la pire qu’ait à subir le milieu bancaire et l’économie russes !
Peut-être le Kremlin devra-t-il donc bientôt choisir, entre continuer de s’enfoncer dans la guerre et par conséquent dans la production d’armements, et continuer ainsi d’ étrangler ses citoyens par des prix de plus en plus élevés et une croissance au ralenti, ou bien encore, devra-t-elle diminuer drastiquement son « effort de guerre » et réduire massivement sa production d’armements, et réorienter son action en faveur des entreprises autres, afin de relancer la croissance et inverser la tendance inflationniste, ce qui impliquerait alors que la Russie sorte de son conflit ukrainien !
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