Le Portugal donne un cours de rigueur au cancre français du déficit public.
Alors que le gouvernement a présenté en conseil des ministres son programme de stabilité contenant ses prévisions de réduction du déficit d’ici à 2027, les mauvais résultats français font tache face à la performance de l’ancien cancre portugais.
En effet, celui-ci a réussi à réduire sa dette de 40 points en quatre ans, et limité le déficit public sous les 3 % du PIB chaque année et dégagé des excédents en 2019 et 2023.
Le déficit public français dérape encore
Selon la trajectoire envoyée à Bruxelles à la mi-avril, il atteindrait 5,1 % du PIB en 2024, au lieu des 4,4 % prévus. Bercy doit trouver 10 milliards d’euros pour respecter cet objectif dégradé, en plus des 10 milliards d’économies annoncées mi-février.
Avec ce relâchement, la dette publique se remettrait à grimper, passant de 110,6 % à 112,3 % du PIB, à peine 2 points de moins que le niveau atteint lors de la crise sanitaire. Le nouveau programme de stabilité, présenté en avril dernier en conseil des ministres, prévoit ensuite une réduction du déficit à 4,1 % en 2025, 3,6 % en 2026 et finalement 2,9 % en une trajectoire budgétaire qui manque de cohérence et de crédibilité selon le Haut Conseil des finances publiques, comme le pointe également la Cour des comptes, ces mauvais résultats faisant tache face à la performance de l’ancien mauvais élève portugais.
Le bon exemple vient du Portugal
Le Portugal a fait des progrès significatifs dans la maîtrise de ses déficits publics et de sa dette publique au cours des dernières années.
En huit ans, la France n’a guère fait mieux qu’un déficit de 2,3 % en 2018 et a vu sa dette grimper, avec une note française encore bien au-dessus de la normale (les chiffres parlent d’eux-mêmes).
A côté de ça, depuis 2015 la croissance du Portugal a été quasi systématiquement supérieure à celle de la France, miracle économique, atteignant 2,3 % du PIB contre 0,9 % en France. Les recettes ont progressé bien plus vite que les dépenses publiques, permettant d’équilibrer les comptes publics et de résorber la dette.
Côté politique, les gouvernements portugais successifs ont maintenu depuis 2006 une politique de rigueur presque continue, même si elle a été plus modérée sous Antonio Costa. Le poids des dépenses a ainsi fondu de 51,7 % du PIB en 2016 à 44,1 % en 2022, contre 58,3 % en France. L’effort spectaculaire du Portugal lui a valu les félicitations de l’agence de notation Moody’s, qui a relevé sa note de Baa2 à A3, soit un bond spectaculaire !
La notation par les agences (Moody’s ; Standard & Poor’s ; Fitch), une menace pour la France
Moody’s doit examiner le 26 avril 2024 la dette française, dont la note reste malgré ses piètres performances encore deux crans au-dessus…
Mais jusqu’à quand ?… Le Haut Conseil des finances publiques tacle le gouvernement pour son « manque de crédibilité ».
L’absence de crédibilité et de cohérence du plan français de réduction du déficit public
Peu avant la présentation de la nouvelle trajectoire de réduction du déficit public en conseil des ministres, le Haut Conseil des finances publiques a posé un regard critique sur les ambitions du gouvernement. La documentation de l’effort prévu par la France, jamais réalisé par le passé, est « à ce stade lacunaire ».
Sa réalisation suppose la mise en place d’une gouvernance rigoureuse, associant l’ensemble des acteurs concernés, qui n’est pas réunie aujourd’hui, expose l’avis du HCFP, et l’institution prévient : la mise en œuvre de l’ajustement structurel prévu pèsera nécessairement, au moins à court terme, sur l’activité économique, tant et si bien que les prévisions de croissance élevées du gouvernement sont peu cohérentes avec l’ampleur de cet ajustement !
Le HCFP estime ainsi que la prévision de croissance du gouvernement, révisée à la baisse en février, à 1 % contre 1,4 % précédemment, demeure optimiste. Il y a donc un risque important que l’évaluation du PIB potentiel par le gouvernement soit révisée ultérieurement à la baisse, et donc que la part structurelle du déficit le soit à la hausse.
Portugal Vs France, en chiffres
Les quelques points-clés suivants permettent de comparer les deux pays.
Le Portugal
Il est devenu un bon élève de l’Europe en matière de gestion budgétaire. Son projet de budget pour 2024 prévoit un solde budgétaire positif de 0,8 % du PIB, ce qui signifie que le pays génère des excédents plutôt que des déficits.
Il a réussi à réduire sa dette publique en dessous de la barre des 100 % du PIB pour la première fois depuis huit ans. En 2023, elle s’établit à 98,7 % du PIB.
Il est passé de maillon faible de la zone euro à champion de la discipline fiscale. Après avoir souffert de la crise de la dette, le pays a mis en place des mesures prudentes pour redresser la barre. Le gouvernement socialiste a réactivé la consommation et relancé la croissance économique.
Le Portugal présente un excédent budgétaire de 1,2 % du PIB, ce qui le place parmi les meilleurs de la zone euro. Ce pays a réussi à améliorer sa situation budgétaire grâce à une gestion prudente et à des réformes efficaces.
La France
En revanche, la France a une dette publique plus élevée et un déficit budgétaire plus important ; elle continue de lutter contre un déficit élevé et une dette importante. Elle a encore du chemin à parcourir pour atteindre un excédent budgétaire significatif
Sa dette atteint 111,9 % du PIB, tandis que son déficit est plus élevé que celui du Portugal.
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