Les récents résultats publiés par la banque française sont prometteurs. D’autant plus prometteurs lorsque l’on connaît la situation dans laquelle ils ont été obtenus. Car à l’instar de tout le système bancaire européen et mondial, le Crédit Agricole a été impacté directement par la crise sanitaire. En atteste la baisse du cours de son action de 16 % le Lundi 9 Mars à l’ouverture des marchés.
Mais pas uniquement. La récente faillite de Wirecard pourrait avoir des impacts directs sur la banque française puisque les deux entités étaient partenaires. Comment est ce que le Crédit Agricole gère cette situation complexe ? Eléments de réponse !
Des résultats du deuxième trimestre encourageants
Commençons par les bonnes nouvelles. Avec un bénéfice net de près d’un milliard d’euros (954 millions), le Crédit Agricole a particulièrement bien résisté à la fois aux conséquences financières de la crise sanitaire mais également à la faillite de la fintech allemande Wirecard, spécialisée dans les solutions de paiement.
Si le bénéfice net est en recul de près de 22 %, il reste bien meilleur que les attentes et les estimations des analystes financiers, à l’instar des résultats publiés par l’une de ses concurrentes, la banque BNP Paribas. La principale explication tient dans une réduction des coûts pendant cette période d’incertitude.
Philippe Brasac, directeur général du Crédit Agricole SA met par ailleurs également en avant des indicateurs rassurants pour les investisseurs ainsi que les épargnants. En effet, le groupe se targue d’avoir pu augmenter son ratio de fonds propres.
Les résultats du Crédit Agricole en quelques chiffres :
- Résultat net T2 2020 : 1 483 millions d’euros, contre 1 819 millions d’euros pour le T2 2019
- Produit net bancaire : 4,9 milliards d’euros
- Cotation de l’action Crédit Agricole au 10 Août 2020 : 8,58 €
Crise sanitaire : Des effets visibles à plus long terme
L’augmentation des fonds propres peut sembler être une bonne nouvelle. Mais ce n’est que la réponse et l’anticipation du groupe face à une hausse probable des défaillances dans les mois qui viennent. Car si la crise sanitaire semble être pour partie derrière, les conséquences économiques de celles-ci continueront à perdurer pendant de longs mois. D’autant plus dans les secteurs les plus fragilisés comme ceux du tourisme ou de l’événementiel.
De plus, la politique accommodante en terme de taux de la banque centrale a facilité l’accès au crédit de nombreuses entreprises en amont de la crise sanitaire. Le risque que certaines ne puissent honorer leurs encours grandit et les provisions pour créances douteuses vont probablement encore s’épaissir dans les mois qui viennent.
Faillite de Wirecard : quel impact à court et long terme pour le Crédit Agricole ?
Car si le bilan comptable a été amputé par la crise sanitaire il l’a aussi été par l’intermédiaire de deux faillites : celle de Wirecard et de sa gigantesque fraude à plus de 1,9 milliards d’euros mais aussi celle d’un courtier en pétrole singapourien : Hin Leong Trading, entreprise épinglée elle aussi pour falsification de bilan.
Un impact immédiat pour le Crédit Agricole
Si d’autres banques comme Natixis, HSBC ou la Société Générale ont été touchées par la faillite du géant singapourien, le Crédit Agricole semble être le seul acteur bancaire français touché par la faillite de la fintech allemande, ancienne membre de l’indice coté en bourse DAX.
Par l’intermédiaire de deux de ses filiales (Cacib et Casa), le Crédit Agricole entretenait des relations commerciales avec l’entreprise Wirecard. Lors de la publication des comptes la semaine dernière, la direction reconnaissait un impact non négligeable de la faillite sur les comptes des deux filiales. Mais ceci, sans pour autant en préciser réellement l’ampleur.
La direction précise ne pas avoir d’investissement au capital de la fintech allemande. Elle ajoute avoir suspendu, de longues semaines en amont de la faillite, les contrats avec Wirecard. Les filiales du Crédit Agricole travaillaient avec la fintech à la mise en place de solutions de paiement innovantes. En ce sens, la banqueroute de l’entreprise allemande représente plus un coût en terme de retard technologique qu’une véritable perte financière sèche.
Un impact au long terme
L’impact de la crise sanitaire sera à n’en pas douter gigantesque. Mais les banques européennes et mondiales ont, semble t-il, retenu la leçon de la crise financière de 2008. À commencer par le Crédit Agricole. Pour preuve, entre 2011 et 2019, les réserves des 100 plus grandes banques mondiales ont été multipliées par 2. Les groupes bancaires sont également beaucoup mieux armés pour anticiper et gérer le risque efficacement. De quoi voir venir même en des temps plus difficiles comme ceux que nous traversons.