Début juillet 2022, après plusieurs semaines d’incertitude, le couperet tombe : Celsius Network se déclare en faillite. Le spécialiste des prêts en ligne via les cryptomonnaies n’aura finalement pas résisté à la profonde chute de marché déclenchée en mai 2022, suite à l’effondrement de l’écosystème de Terra Luna. 3 mois plus tard, l’annonce de l’annulation des dettes devrait sonner comme une bonne nouvelle. Intervenant en parallèle à l’annonce de la démission du PDG, elle est pourtant peu enthousiasmante pour plusieurs raisons.
Les emprunts en attente n’ont plus à être remboursés, a annoncé Celsius
Depuis la déclaration de faillite de Celsius Network, plateforme de crypto-monnaies réputée pour son offre de lending (prêt), les bonnes nouvelles se font rares. Dans l’annonce parue le 30 septembre 2022, la principale information y ressemble tout de même quelque peu.
Via un communiqué repris par Reuters, la société américaine basée dans le New-Jersey aux États-Unis informe ses débiteurs qu’elle ne leur réclamerait plus de remboursement. La décision est rendue publique suite à une requête introduite auprès du tribunal de New-York conduisant le processus de faillite. Dans la même requête, la société de crypto-lending mentionne que les clients ne verseraient pas d’intérêts ou de pénalités. Le chapitre 11 de la loi sur les faillites aux USA a rendu possible ce choix stratégique opéré par Celsius.
Celsius annule les emprunts de ses clients : une décision logique
S’il s’agit là a priori d’une bonne nouvelle, elle survient de façon un peu logique. Surtout, elle n’a pas vraiment de quoi apporter de la joie au cœur des dizaines de milliers d’utilisateurs lésés. En déposant le bilan, avec environ 100 000 créanciers se retrouvant sur la paille, Celsius avait 5,5 milliards de dollars en passif (dont plus de 85% étaient des avoirs de clients), et des actifs, hélas non-liquides pour la plupart, estimés à 4,3 milliards de dollars.
Dans l’incapacité de rétrocéder aux clients leurs avoirs, Celsius se retrouve quelque peu contraint d’annuler les emprunts de ceux-ci. En effet, pour un emprunt, la sûreté déposée par chaque client avait une valeur supérieure à celle du crédit obtenu. Malgré la décision de Celsius de ne plus contraindre les clients à rembourser leurs dus, la société de prêt crypto demeure en déficit vis-à-vis d’eux. Et pour l’heure, rien n’indique que ces actifs encore gelés seront rétrocédés à tous les clients. La société ayant déclaré un déficit de 1,2 milliards USD ne semble pas en odeur de sainteté avec les autorités.
Sur objection des autorités texanes, elle s’est ainsi vu refuser début septembre la vente de stablecoins. Comme motif à la vente de ces 23 millions de dollars US en stablecoins, les dirigeants de la société avaient simplement indiqué vouloir récupérer de la liquidité pour le financement des opérations de débit. Un argument qui n’a pas convaincu les juges du tribunal du district new-yorkais qui supervise la faillite.
La société de crypto-lending se débat
En juin 2022, environ 3 semaines après le krach causé par l’effondrement du cours du Terra Luna de l’époque (aujourd’hui Terra Luna Classic ou LUNC) et de celui du TerraUSD de l’époque (aujourd’hui TerraClassicUSD ou USTC), Celsius suspend les retraits et les opérations des clients sur sa plateforme. Après la déclaration de faillite survenue ensuite, Celsius essaie tant bien que mal de remonter la pente.
En août et en septembre, la plateforme a notamment essayé de miser sur sa crypto propriétaire (Celsius Network ou CEL). Elle a rendu public son plan de reconstruction, et le CEL a vu son cours croître, très brièvement, de 25%.
Par ailleurs, fin septembre, le PDG Alex Mashinsky a démissionné de son poste. Celui qui reste convaincu que le public peut revenir vers la société, et lui refaire confiance, a tout de même précisé qu’il restait disponible et continuerait de travailler pour que soit trouvée une issue favorable à tous. Au vu de ces trépidants rebondissements, il paraît évident que nous sommes encore loin de l’ultime solution à la crise Celsius.