Claude Bébéar ne décolère pas ! Pour le fondateur d’Axa, qui s’est retiré depuis avril 2008 de la présidence du conseil de l’assureur, l’économie et les marchés financiers subissent les conséquences de “la cupidité et la perte de bon sens de tous les acteurs du système” : banques, investisseurs, agences de notation, régulateurs et responsables de normes comptables, voire responsables politiques… Dans un entretien publié ce matin par ‘Le Figaro’, il dénonce notamment le fait qu’AIG, cet “assureur” américain, soit “sorti de son métier, par goût du lucre, pour trouver les rendements que son métier de base ne lui apportait pas forcément (…) AIG a fait de la location-bail d’avions, puis des produits dérivés, dans des volumes (450 Mds$) et des conditions qui échappaient à tout contrôle (…) Mêmes causes, mêmes effets chez Citigroup, qui a développé énormément de produits toxiques !”.
Le “parrain du capitalisme français” s’en prend aussi aux normes comptables, qui “donnent une valeur nulle à un produit pour la seule raison que personne ne veut l’acheter, et sans tenir compte de ce qu’il rapporte si on le conserve en portefeuille”. Ces normes “imposent de retenir le prix en Bourse comme valeur pour les actifs d’une compagnie d’assurances, par exemple… C’est idiot. La Bourse n’a jamais été faite pour donner la valeur d’une entreprise ! C’est un lieu d’échanges où se rencontrent ceux qui veulent vendre quelques actions et ceux qui veulent en acheter”.
Dans la foulée, Claude Bébéar défend la stratégie de la direction actuelle d’Axa, en estimant que la chute du cours de Bourse de plus 50% depuis le 1er janvier “traduit l’absurdité” des obligations dictées par les règles comptables. Il estime en outre qu’Axa n’a besoin ni d’augmenter son capital ni d’émettre des actions préférentielles.
Enfin, M. Bébéar trouve “normal” que les Etats interviennent pour soutenir le système financier : “Quand un drame se produit, quel qu’il soit, la solidarité nationale entre en jeu… Ici, il ne s’agit pas de ‘sauver les banques’, mais de sauver le système bancaire et l’épargne des clients (…) Le tout, bien sûr, c’est que l’intervention de l’État soit temporaire et non pérenne”.
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