La plateforme française de streaming musical Deezer a fait son entrée à la Bourse de Paris le mardi 5 juillet. Toutefois c’est un constat d’échec pour le rival de Spotify qui a vu la valeur de son titre dégringoler de 29 % pour son premier jour de cotation.
Coté à 8,50 € le titre de l’entreprise a chuté jusqu’à 5,80 € avant de remonter à 6,00 € à la clôture de la séance du mardi. Aujourd’hui à la date de l’écriture de cet article le jeudi 7 juillet, la valeur de l’action est encore descendu jusqu’à atteindre 5,51 € en fin de journée. En outre, on a observé des volumes assez faibles sur l’action Deezer, aussi bien sur le plan des acheteurs que des vendeurs.
Deezer qui fut l’une des premières licornes françaises a malheureusement vu sa capitalisation chuter à moins de 680 millions d’euros, un résultat médiocre pour la société qui était jusqu’alors valorisée à plus d’1 milliard d’euros.
Introduction en bourse de Deezer : quelles sont les raisons de cet échec ?
Suite à une première tentative d’entrée en bourse en 2015, finalement avortée en raison des conditions du marché de l’époque jugées défavorables, le spécialiste des services de musique en ligne est finalement entré à la Bourse Euronext Paris mardi dernier. Néanmoins l’évènement est marqué par la déconvenue en raison d’un croisement de facteurs.
La première raison de cet échec est le contexte économique difficile avec des marchés qui ont connu leur pire semestre depuis plusieurs décennies avec des investisseurs désormais frileux face au risque.
De plus au sein de cette débâcle économique généralisée ; le secteur technologique traverse une période particulièrement précaire sur les marchés boursiers. En effet le Nasdaq Composite s’est effondré de plus de 25%, l’indice comprenant plus de 3 000 actions de sociétés, cette chute illustre bien la décote de l’ensemble du domaine des technologies.
S’ajoute à cela le fait que les performances boursières de l’industrie musicale ne sont pas particulièrement brillantes ; Spotify le concurrent principal de Deezer a encaissé une perte de 30 % sur les trois derniers mois et une baisse de 60 % sur l’année.
Deezer a utilisé pour son introduction en bourse un SPAC (Special Purpose Acquisition Company en anglais). Ce terme désigne un mécanisme financier permettant de lever des fonds par le biais d’une introduction en bourse afin d’acquérir d’autres sociétés déjà existantes, à noter que le phénomène qui existe depuis les années 1980 connait un véritable succès depuis 2020.
Les objectifs à long terme de l’entreprise française
La déroute actuelle marque néanmoins une forme de désaveu pour cette méthode choisie par les actionnaires de Deezer qui jure avec le contexte économique actuel où les investisseurs misent sur la prudence.
Par son introduction en bourse, Deezer est donc à la recherche de financements de la part d’investisseurs dans l’optique de racheter d’autres sociétés. Une stratégie avec pour but final celui de se recentrer sur le domaine musical et de combler les lacunes de son influence sur le plan mondial.
L’entreprise souffre peut-être d’un mal particulier ; celui d’être trop focalisé sur le marché français. En effet la majorité de ses abonnés sont concentrés en France mais également pour une moindre part au Brésil, et le plus gros problème étant de ne pas avoir réussi à conquérir le marché américain.
Le public de Deezer équivaut à 2 % du marché global alors que celui de son adversaire Spotify est de l’ordre de 30 %. Il est déjà question de partenariat avec d’autres entreprises bien installées comme Orange en France, ou RTL en Allemagne. L’objectif visé pour la plateforme est d’atteindre le chiffre d’affaire d’un milliard d’euros en 2025.
C’est la seconde introduction en bourse d’une licorne française en un peu plus d’un an. Pour rappel ce terme désigne une jeune pousse technologique valorisée à plus d’un milliard d’euros. La première introduction était celle de Believe, une autre entreprise du secteur musical spécialisée dans l’accompagnement d’artistes et de labels indépendants, et il s’agissait également d’une forte déception avec une levée de 300 millions d’euros seulement lors de son introduction en juin 2021.
Votre capital est risqué