Boursier.com : Deux ans et demi après l’introduction en Bourse du F.C. Istres, pourquoi avoir décidé de coter un club de rugby en bourse ?
B.C. : Pour que les clubs sportifs aient une assise dans le temps, il est nécessaire qu’ils aient des recettes extra-sportives et non dépendantes des résultats. Par exemple les ventes de maillots qui peuvent devenir très faibles en cas de mauvaises performances. Dans le cas de Marseille Vitrolles Rugby, nous avons le projet d’acheter un immeuble dans le centre-ville, pour faire des appartements. Bien que n’étant classé qu’en Fédérale 1, le club dépense actuellement environ 20.000 Euros par mois pour loger ses joueurs non Marseillais. Le rez-de-chaussée du bâtiment serait consacré à une brasserie pour accueillir les supporters et à une boutique de maillots.
Boursier.com : Le fait d’évoluer en troisième division n’est-il pas un frein à ce projet ?
B.C. : Aujourd’hui, la bourse doit porter de petits projets pas chers. Cela permet à des investisseurs de rentrer sur des projets à des niveaux de valorisation peu risqués pour eux et de bénéficier de la création de valeur des projets en question. L’Olympique Lyonnais est arrivé en Bourse au sommet de sa gloire sur des valorisations conséquentes, aujourd’hui son action a été divisée par deux !
Boursier.com : Après cette première cotation, un deuxième rendez-vous est fixé au printemps, pour lever cette fois un peu plus d’argent ?
B.C. : Depuis 2-3 ans, ceux qui sont redevables de l’ISF peuvent investir dans des fonds Tepa, c’est-à-dire des entreprises qui respectent certains critères. C’est le cas de Marseille et cela va nous permettre de lever au maximum 2,5 millions d’euros, qui seront consacrés à ce projet immobilier. Pour l’instant nous n’avons réalisé qu’une inscription sur le Marché Libre où seulement 10.000 titres ont été cédés par mon fonds luxembourgeois Compulease. Au printemps nous espérons bénéficier de ces fonds Tepa.
Boursier.com : Après le coup médiatique de la venue de Jonah Lomu, ne tentez vous pas à nouveau un coup médiatique, avec cette première cotation d’un club de rugby en Bourse ?
B.C. : Si c’est une question de notoriété, bien sûr, c’est toujours une des raisons qui poussent les entreprises à aller en Bourse. Mais il ne s’agit pas d’un » coup « . J’ai l’habitude des marchés financiers depuis bien longtemps, avec STS Group, le FC Istres et désormais Risc Group dont STS prend le contrôle.
Boursier.com : Comment ce projet est-il accueilli sur Marseille ?
B.C. : Chaque fois que l’équipe de France de rugby joue à Marseille, c’est devant un Stade Vélodrome plein. Par ailleurs, le comité Provence est le deuxième ou le troisième en France en nombre de licenciés. Il y a donc une vraie motivation pour le rugby à Marseille… Certaines collectivités locales souhaitent d’ailleurs un grand projet pour rééquilibrer le » tout football » dans la région.
Boursier.com : La réussite du projet semble toutefois passer par une réussite sportive immédiate, à savoir que l’équipe accède au niveau professionnel…
B.C. : Oui et le recrutement a été effectué en ce sens. Mais de façon générale, le mouvement est inéluctable dans le rugby : les villes moyennes de 40.000 à 50.000 habitants n’ont plus les moyens financiers pour développer leurs clubs. Leurs bassins économiques sont trop faibles. Les projets se feront désormais dans des villes de taille supérieure.
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