Boursier.com : Comment le groupe Total aborde t-il la crise économique ?
C.M. : C’est une nouvelle positive qu’en période de crise une société comme Total se porte bien, fasse des bénéfices, contribue à l’intérêt général en payant des impôts importants, investisse et embauche. Dans cette période de crise et dans un environnement qui se dégrade, nous demeurons en bonne position, avec beaucoup d’atouts et une situation financière saine. Je confirme que nous allons poursuivre notre effort d’investissement ou de recherche. C’est un engagement personnel, et celui de toute la direction de l’entreprise.
Boursier.com : La capacité d’investissement des pétroliers est limitée par l’environnement actuel, quels sont les risques de cette situation ?
C.M. : La bonne réponse à la crise, c’est en effet de maintenir l’effort d’investissement. Si les pétroliers indépendants n’investissent pas pour le moyen et long terme, le monde risque à terme de manquer de capacités de production. Plus grave sera la crise économique, plus important sera le risque de voir le prix du baril de pétrole remonter vite, par suite de ce manque de capacité de répondre à la demande. Dans le pire scénario, on pourrait alors assister à la remontée du prix du baril de pétrole avant même que les économies ne se redressent complètement… A nous de montrer que nous aurons fait le maximum pour éviter un tel scénario.
Boursier.com : Les pays producteurs de pétrole jouent-ils le jeu en cette période de crise ?
C.M. : Les pays producteurs ne devraient pas fermer leurs portes aux acteurs pétroliers internationaux. Le risque existe que des attitudes trop conservatrices conduisent à des décisions préjudiciables à long terme. Total est un acteur responsable qui partage la valeur créée par ses activités avec les Etats et les communautés où il investit. Afin de développer l’acceptabilité de sa présence, il s’efforce de s’insérer au contexte local, notamment en participant à la création d’écoles ou en soutenant des programmes de santé.
Boursier.com : Quid de l’Irak où votre présence a toujours été forte ?
C.M. : L’Irak est un pays historiquement très important pour Total. Nous sommes actuellement en discussion avec les autorités pour renouer et renouveler notre collaboration. L’appel d’offres auquel nous répondrons concerne six champs à redévelopper. Certains sont déjà en production, mais il faut la relancer, d’autres sont des deux champs gaziers qui sont encore à développer..
Boursier.com : Quelles sont vos ambitions dans le nucléaire ?
C.M. : A ce stade, notre ambition est d’acquérir un savoir-faire. Cela prendra du temps, nous en sommes conscients. Il est légitime et même stratégique de s’intéresser à des formes d’énergies autres que le pétrole, alors que ce dernier sera de plus en plus rare dans le futur. Il était intéressant de nous pencher sur ce sujet pour Abu Dhabi où notre présence est ancienne, et il est logique de le faire aussi en France. Pour ce qui est du projet de 2ème réacteur nucléaire EPR en France, nous souhaitons une participation à deux chiffres … La question est en discussion les futurs partenaires.
Boursier.com : Vous avez confirmé en 2008 qu’un fonds public chinois était entré au capital de Total. Est-il toujours présent ? Quelles sont ses intentions ?
C.M. : Ce fonds publics chinois est toujours présent au capital de Total. Il s’est même renforcé récemment. Sa présence reste inférieure à 3 – 4 % que nous considérons comme un bon niveau pour un investisseur de long terme de cette nature. Si ce fonds voulait aller au-delà, nous nous en réjouirions. La confiance que ces investisseurs nous témoignent est très encourageante.