Boursier.com : Le marché action présente t-il encore du potentiel selon vous ?
Olivier Huet : Assurément ! A court terme, nous pouvons nous attendre à quelques prises de profits, après un rebond extrêmement rapide. Nous sommes dans une phase de publications des résultats, qui généralement se traduit par un peu plus de volatilité. Néanmoins, les résultats du troisième trimestre s’avèrent dans la même veine que ceux du deuxième trimestre, avec des chiffres d’affaires toujours un peu médiocres, mais des marges qui tiennent très bien et des cash flow générés toujours excellents. Comme les niveaux d’attente sont plus élevés qu’au deuxième trimestre, nous pouvons effectivement marquer une petite pause… Les investisseurs sont plus exigeants et à mesures que la croissance reprendra, nous pourrions assister de nouveau à des révisions haussières de bénéfices… Ce qui devraient entrainer les marchés un peu plus haut.
Boursier.com : Quels sont les autres facteurs de soutien du marché ?
O.H. : Les autres facteurs sont la liquidité. Paradoxalement, les actions sont un des actifs risqués qui ont le moins profité de l’afflux de liquidités cette année ! Les liquidités se sont surtout portées sur le crédit et les obligations convertibles… En cette fin d’année, nous pouvons imaginer que les critères techniques amènent un peu plus de liquidités sur le marché action. Et puis, de nombreux gestionnaires sont restés en dehors de la hausse et auront à coeur de continuer de s’investir au fil de la hausse des marchés dans les mois à venir…
Boursier.com : Dans ce contexte, les valeurs défensives vont-elles redevenir attrayantes ?
O.H. : La hausse a surtout profité aux secteurs les plus risqués qui offraient les effets de levier les plus importants. Demain, étant donné que la croissance est attendue assez modeste, les défensives pourraient tirer un peu mieux leur épingle du jeu parce que la qualité sera prépondérante… La hausse devrait être un peu plus discriminante au profit de la qualité et de la visibilité et du rendement. Plusieurs secteurs de la cote comme les ‘Utilities’ et les télécoms ont des rendements au-delà de 5,5%. Autre point en faveur des défensives : la reprise du M&A. Nous estimons que 2010 sera l’année où les opérations reprendront…
Boursier.com : Les entreprises ont-elles été assez opportunistes pendant la crise ?
O.H. : Les entreprises ont réussi à préserver leur bilan. De nombreuses d’entre elles ont levé des fonds et parfois même en excès par rapport à leurs besoins. Nous avons donc le sentiment qu’elles se sont constituées des trésors de guerre pour justement pour se préparer à des acquisitions. Dans un contexte de croissance modérée, elles auront à coeur d’accélérer leur croissance par ce biais… C’est aussi une façon pour elles d’accroître leur présence sur les marchés émergents.
Boursier.com : Voyez-vous un retour des introductions en Bourse dans les mois à venir ?
O.H. : Oui, par exemple, PPR est sur le point de coter CFAO… Les fonds de ‘private equity’ ont envie de se délester d’un grand nombre d’actifs. Il y a plus de liquidités sur le marché, c’est donc une très bonne fenêtre pour introduire une entreprise…
Boursier.com : Globalement, votre sentiment est positif pour 2010 ?
O.H. : Nous sommes déjà positifs pour la fin 2009 et au moins positifs pour le premier trimestre 2010. Après avoir beaucoup réduit leurs coûts, il faut tout de même que les sociétés retrouvent le chemin de la croissance et cela passera par le consommateur. Il y a aussi le positionnement sur les marchés émergents qui est important…