Pour le quatrième mois consécutif, la collecte nette de l’assurance-vie est positive. Après des mois de décollecte marqués par la crise sanitaire, le produit d’épargne préféré des français semble reprendre des couleurs. Alors, simple épiphénomène ou tendance durable ? C’est à cette question que nous allons tâcher d’apporter des éléments de réponse.
Un produit d’épargne fortement touché par la crise sanitaire
Sur l’année 2020, l’assurance-vie a enchainé les mois de décollecte. En cause, l’incertitude liée à la crise sanitaire ainsi que les faibles rendements proposés sur les contrats fonds euros. Si l’année a été marquée par une décollecte record avec 6,5 milliards d’euros sur l’année, les mois d’Avril et Mai 2020 ont été les plus importants marqueurs de cette tendance. Avec une décollecte de plus de 2 milliards d’euros pour chacun d’eux. En cause, une baisse des montants versés sur les contrats plus qu’une réelle hausse des sommes décaissées. Sur l’année, les français ont en effet déposé 116 milliards d’euros sur leurs contrats d’assurance-vie. Contre près de 145 milliards sur l’année 2019.
Les experts du secteur notent que face à l’incertitude, les français ont préféré arbitrer pour l’épargne disponible. En se focalisant sur des placements plus liquides, avec le Livret A en tête d’affiche. En effet, à l’inverse de l’assurance-vie, le Livret A a connu une année 2020 record en matière de collecte d’épargne de précaution.
infobox color=”#FFD56F” textcolor=”#000000″ icon=”exclamation-triangle”]Bon à savoir : Si la décollecte a été record en 2020, la part des investissements en unités de compte a quant à elle augmentée. Passant de 28 % en 2019 à 34 % en 2020.[/infobox]
En décembre 2020, la tendance s’est inversée avec un mois de collecte positive. Avec une collecte nette de plus de 550 millions d’euros. Depuis le début de l’année, la tendance semble se confirmer. Après avoir enchainé neuf mois de décollecte, de mars à novembre 2020, le secteur de l’assurance vie connait son quatrième mois de collecte positive.
Les chiffres de Mars 2021
Sur le mois de Mars, les français ont versé 12,7 milliards d’euros sur leurs contrats d’assurance vie. Un chiffre en hausse de plus de 40 % par rapport à mars 2020. Un montant qui représente la plus grande collecte pour un mois de Mars depuis plus de 10 ans. En comparaison avec mars 2019, les professionnels du secteur notent une hausse de 3 % du volume des cotisations.
La tendance observée en 2020 avec la hausse de la part des contrats en unités de compte au détriment des contrats fonds euros, semble se poursuivre. Avec environ 37 % des cotisations pour ces contrats en mars 2021. Des chiffres encore plus élevés que le premier trimestre de l’année (36 %) et encore plus élevés que l’année 2020 (34 %).
Après une collecte nette de 1,9 milliard d’euros en janvier, 1,4 milliard en février, le mois de mars constitue un troisième mois consécutif de collecte supérieure au milliard d’euros. A la fin mars, les encours sur les contrats d’assurance-vie dépassaient la barre des 1 800 milliards d’euros.
Comment expliquer ce regain d’intérêt pour l’assurance-vie ?
Difficile d’expliquer ce regain d’intérêt par les rendements proposés, du moins sur les contrats fonds euros. Néanmoins, il semblerait que la tendance observée en 2020 et l’arbitrage en faveur des contrats en unité de compte puisse devenir la norme. En cause ? Les taux d’intérêts très faibles et donc l’incapacité des organismes assureurs à dégager du rendement sur les fonds euros. Les assureurs redirigent alors de plus en plus leurs clients sur des supports en unités de compte, à la fois plus rémunérateurs mais aussi plus risqués.
Les perspectives sanitaires et la vaccination généralisée peuvent aussi constituer un paramètre explicatif. Avec des français légèrement moins sensibles à disposer d’une épargne immédiatement disponible et à nouveau prêts à renouer avec l’investissement. La réallocation de l’épargne collectée pendant les mois de crise sanitaire pourrait aussi se faire plus durablement sur les produits d’assurance-vie. Pour les observateurs des habitudes de consommation et d’épargne des français, l’arbitrage entre épargne courte / épargne longue et liquidité, devrait surtout intervenir lors du second trimestre. D’ici la, l’encours sur les contrats d’assurance-vie pourrait continuer à augmenter.
L’intérêt croissant pour le PER (plan épargne retraite) peut aussi constituer une part de l’explication. Avec une hausse de 326 % sur le volume des cotisations en l’espace d’une année. Une hausse assortie d’une forte augmentation du nombre de possesseurs de PER. A la fin du mois de mars, l’encours pour le PER dépassait même les 18 milliards d’euros.