Depuis la faillite de trois banques américaines, des investisseurs perçoivent de nouveau le bitcoin comme un «contre-pouvoir», plutôt que comme un «actif spéculatif à haut risque».
La crise du secteur bancaire américain semble en effet profiter aux crypto-monnaies, alors que les prix du Bitcoin ont fortement évolué depuis l’effondrement de la Silicon Valley Bank le 10 mars dernier.
Le 23 mars, le Bitcoin s’est échangé au-dessus de 28 500 dollars et, en 14 jours, il a été témoin de l’un des plus importants des gains historiques, en hausse de plus de 30 % sur 14 jours, au-dessus de son plus-haut historique de 2017 (20 000 dollars). Ainsi, le prix du Bitcoin a franchi la barre des 25 000 dollars tout en n’étant pas actuellement encore capable de prouver de manière certaine sa capacité à constituer une réelle alternative en cas de crise financière. Certes Ethereum et plusieurs autres crypto-monnaies (XRP, Solana, Cardano) ont connu une croissance à deux chiffres et la capitalisation boursière des crypto-monnaies a augmenté de plus de 20 % depuis le 10 mars 2023 pour atteindre 1,2 billion de dollars le 23 mars, et au 11 mai 2023 le Bitcoin est d’ailleurs toujours au-dessus des 25 000 euros (parité euro – dollar américain à cette même date : 0,9091 : un dollar vaut 0,9091 euro), Cardano Euro et LiteCoin Euro tirant encore leur épingle du jeu, même si XRP et Ethereum accusent un net repli.
D’autres données montrent un regain d’intérêt marqué pour le secteur de la cryptographie au cours des deux dernières semaines, grâce à la quantité totale de tokens en circulation au sein des services financiers décentralisés (Defi) et à la récente augmentation dans le nombre de téléchargements d’applications cryptographiques. On rappelle que le Bitcoin est né peu de temps après la crise financière mondiale de 2008, par son fondateur Satoshi Nakamoto, qui a écrit une série de chiffres et de lettres correspondant à la traduction cryptographique du titre de « Une » du quotidien britannique « The Times » ce jour-là : « le chancelier de l’Échiquier au bord d’un second plan de renflouement des banques », ce qui a généré le Bitcoin qui correspond à la traduction cryptique de cette première page. La crise a érodé quelque peu la confiance dans les banques et les devises, ce qui a pu faire apparaître le Bitcoin comme étant un possible « contre-pouvoir ».
Crypto-monnaies : valeur refuge ?
Face au système bancaire américain actuel qui suscite de sérieuses inquiétudes, après la faillite de trois de ses banques, il existe un environnement macroéconomique qui incite les acteurs économiques et financiers à repenser ce qui est sûr et où ils devraient placer leurs actifs. Après trois faillites bancaires, on commence à se rendre compte que le dollar (américain) n’est peut-être pas aussi sûr qu’on le pensait, et le Bitcoin peut à nouveau être considéré comme une valeur refuge et un actif que personne ne peut contrôler, grâce à ses qualités intrinsèques de décentralisation.
Conceptuellement, après ces événements, il est logique que l’intérêt pour les actifs cryptographiques ait repris, bien que cela ne se reflète pas encore totalement dans les données. Il est possible que ces grosses fluctuations sur les crypto-monnaies ne soient qu’un « phénomène court » et qu’elles ne soient pas liées à la demande institutionnelle.
Concentration du marché crypto-monétaire sur deux acteurs :
il faudra donc plus de temps pour évaluer l’impact réel des récents événements sur le marché des crypto-monnaies, et il est trop tôt pour dire si le Bitcoin se révèle être une alternative crédible face à une crise bancaire, d’autant que toutes les crypto-monnaies n’ont pas suivi les mêmes évolutions durant les mêmes périodes observées (comme c’est le cas le 11 mai 2023, voir supra).
Une chose est sûre, c’est que les données analysées montrent que les événements des dernières semaines ont permis au marché de se concentrer encore plus sur deux grands acteurs de ces crypto-monnaies. Ainsi la part de marché de Binance a considérablement augmenté ces derniers mois et dépasse les 70 %. Quant aux stablecoins, Tether domine toujours ces plateformes d’échange centralisées, avec 80 % de son volume en USDT.