François Hollande a lancé le débat d’un euro trop fort et donc celui de la mise en place d’une politique de taux de change.
Le moins qu’on puisse dire des réactions des autres pays de la zone euro, est que cette vision ne fait pas l’unanimité, et, particulièrement chez le leader allemand.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du club des pays riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Japon) sont venus rappeler, cette semaine, au cours de leur dernière réunion, leur « engagement de longue date pour des taux de change déterminés par le marché » et que leurs pays ne se fixeraient pas « d’objectif de taux de change ».
Pour autant, les niveaux des taux de change des principales devises peuvent présenter des valorisations tout à fait discutables.
La politique monétaire américaine, très accomodante, qui implique la création massive de dollars pour soutenir la croissance économique US, n’a-t-elle pas pour conséquence de créer un effet de masse sur le marché des devises, tirant à la baisse la devise américaine, tout au moins par rapport à l’euro. Cette stratégie monétaire, que les autorités américaines justifient comme le nécessaire soutien interne à leur économie, contribue aussi à maintenir le dollar de l’oncle SAM à un niveau tel que les entreprises américaines n’en souffrent pas à minima, voir en sont favorisées, dans la conquête de marchés extérieurs.
En Asie, l’assouplissement monétaire décidé en janvier par la Banque Centrale du Japon répond clairement à la volonté de l’institution japonaise de lutter, en accord avec le gouvernement japonais, contre la déflation, et la cherté du yen qui est pénalisante pour les exportations.
La Chine, elle, maintient sa monnaie, le yuan, dans un système contrôlé par la Banque Centrale Chinoise, quand bien même les principaux argentiers mondiaux souhaitent que cette devise soit cotée librement sur les marchés.
L’évaluation du yuan par rapport aux autres devises est jugée comme nettement trop faible, par la majorité des experts. L’objectif des autorités monétaires chinoises est bel et bien de jouer sur la valeur du yuan afin de maintenir le caractère bon marché des produits chinois et donc, là encore, de favoriser les exportations de leurs entreprises.
Lael Brainard, la sous-secrétaire américaine (l’arroseur arrosé) au Trésor, qui vise notamment le yuan chinois, a ainsi regretté récemment l’assymétrie dans les politiques de taux de change.
Alors monnaies surévaluées ou sous-évaluées ?
Pour tenter de répondre à cette question, on peut observer un indicateur simple (voir simpliste), qui est l’indice Big Mac. Il a été créé par The Economist en 1986. Le magazine fait paraitre mensuellement sur son site le document suivant qui retrace les principales monnaies sous-évaluées et surévaluées en comparaison avec le dollar US (en rouge les zones de sous-évaluation et en bleu celles des surévaluations).
Les chiffres détaillés des monnaies des principales puissances concernées nous donnent les résultats suivants au 31 janvier 2013 par rapport au dollar US avec un euro qui est surévalué de 11,7 % alors que le yen japonais est sous-évalué de 19 % et le yuan de 41 %.
On peut s’interroger sur l’absolue pertinence et la précision de l’indicateur Big Mac (http://www.economist.com/blogs/graphicdetail/2013/01/daily-chart-18), mais, quoique fruste, il a au moins le mérite de faire apparaitre les éventuels excès.
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