Un singe pourrait-il devenir votre conseiller financier et faire mieux que les gérants de fonds en bourse ? Possible…
De nombreuses expériences ont été faites dans le monde pour examiner la différence de performance entre des gestionnaires de fonds expérimentés sélectionnant avec attention les actifs dans lesquels investir et des gestionnaires de fonds expérimentés sélectionnant des valeurs au hasard.
Les expériences ont d’ailleurs même utilisé des singes pour déterminer la composition de leurs portefeuilles avec des fléchettes.
Et, un singe a tellement bien performé qu’il a été inscrit dans le Livre Guinness des records – Raven le Chimpanzé.
Raven le Chimpanzé et le MonkeyDex (ou le Monkey Dex)
En 1999, un indice géré par Raven a été créé – le MonkeyDex.
Raven, alors âgée de 6 ans, est devenue la 22e gestionnaire de fonds la plus prospère aux États-Unis après avoir sélectionné les actions qui allaient composer son portefeuille en lançant des fléchettes sur une liste de 133 sociétés liées au secteur de l’Internet.
Son propre indice a réalisé un gain de 213 % en 1999 – une performance bien meilleure que celle de plus de 6 000 courtiers professionnels à Wall Street. L’indice Money Dex a quadruplé la performance du Dow Jones et doublé celle du Nasdaq.
Processus de sélection : Connaissance vs. Hasard
La Bourse est souvent associée à un jeu de Casino.
On se demande souvent si gagner de l’argent en bourse relève des connaissances, du professionnalisme et du talent des investisseurs, ou si au final tout n’est que pure chance.
C’est ainsi que l’économiste Burton Malkiel lance l’idée de comparer les performances boursières d’investisseurs chevronnés à celles de singes.
Il écrit d’ailleurs un livre intitulé « Une marche au hasard dans Wall Street » qui explique clairement sa position, puisqu’il affirme :
« Un singe aux yeux bandés lançant des fléchettes sur les pages financières d’un journal pourrait constituer un portefeuille d’actions tout aussi performant que celui choisit par un expert ».
L’hypothèse de l’efficience des marchés d’Eugène Fama
Cependant, cette phrase ne cherche pas à dénigrer l’utilité ou les connaissances des gestionnaires de fonds, et elle ne cherche pas non plus à dire que la bourse c’est n’importe quoi. Cette phrase tend plutôt à confirmer l’hypothèse d’efficience des marchés.
En effet, l’hypothèse des marchés efficients soutient que la valorisation des actifs financiers doit refléter l’ensemble des informations publiques disponibles à un instant t et que les investisseurs agissent de manière rationnelle.
Ainsi, si les acteurs du marché sont rationnels et qu’ils ont tous accès aux mêmes informations en même temps, alors ils attribueront les mêmes valeurs aux actifs financiers et il sera impossible de battre le marché.
Il est donc normal que la performance des investisseurs sélectionnant les titres en fonction de leurs recherches et ceux les sélectionnant de manière aléatoire soit relativement similaire.
Mais cette hypothèse est souvent invalidée. On le voit notamment lors des krachs boursiers qui surviennent lorsque de nombreux actifs financiers sont surévalués entrainant une véritable correction.
C’est d’ailleurs grâce à cette « inefficience des marchés » que nous sommes capables de faire de l’argent en bourse.
C’est en effet lorsque notre analyse nous permet de conclure qu’un actif est sous-évalué que nous l’achetons en misant sur une hausse future de sa valorisation car le prix de cet actif devrait se rapprocher de sa moyenne.