Pendant longtemps, la règlementation a été vue comme un frein au développement du marché des actifs numériques. Désormais, nombreux sont ceux qui considèrent que l’instauration d’un cadre pourrait être bénéfique pour le marché des actifs numériques. C’est notamment le cas de Kevin O’Leary, homme d’affaires et principale tête d’affiche de l’émission de télé-réalité américaine Shark Tank.
Quand la règlementation devient la norme !
Si le marché crypto a longtemps évolué sous les radars, il semblerait que cette époque soit aujourd’hui révolue. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se plonger sur la politique de la plateforme Binance. Si l’exchange numéro 1 au monde a souvent argué de sa volonté d’une décentralisation absolue, justifiant par la même occasion, l’absence d’un siège mondial, les haut dirigeants de la plateforme ont aujourd’hui compris l’intérêt de se conformer aux attentes des régulateurs du monde entier. Autrefois dans l’ombre, le marché des actifs numériques est aujourd’hui bien trop important pour continuer à évoluer sans cadre précis.
En Europe, le législateur a récemment dégainé son arme MiCA (Market in Crypto Assets). Le texte qui vise à doter l’Europe d’un cadre crypto plus clair doit notamment permettre un meilleur encadrement des PSAN (prestataires de services sur actifs numériques). Mais le texte s’attaque aussi au rôle des stablecoins en même temps qu’il cherche à re-qualifier certains NFT. Approuvé par le Conseil de l’Union Européenne le 5 octobre dernier, le texte a été validé une semaine plus tard par la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement Européen. L’entrée en vigueur du texte est prévue pour 2024.
Au pays de l’Oncle Sam, le mois de novembre pourrait voir l’agenda politique s’épaissir avec l’adoption d’un projet de loi encadrant les stablecoins. Sobrement nommé Stablecoin Transparency Act, le texte vise, comme son nom l’indique à clarifier le rôle des stablecoins. Kevin O’Leary estime que le texte a toutes ses chances d’être adopté par le Congrès, après le 8 novembre, lors des élections de mi-mandat. Comme il l’explique :
Cette loi est très simple par nature, c’est pourquoi elle pourrait être adoptée. Elle est soutenue par les deux partis et la raison pour laquelle c’est le cas est qu’elle fait effectivement du dollar américain le système de paiement par défaut dans le monde entier.
La régulation pourrait drainer l’investissement institutionnel !
Pour Kevin O’Leary, la régulation pourrait permettre d’accélérer l’investissement dans l’univers crypto. En effet, selon lui, les institutionnels sont aujourd’hui encore frileux à investir massivement sur un secteur encore trop peu encadré. La mise en place d’un cadre précis pourrait donc s’avérer salutaire pour le secteur. En injectant d’importantes sommes sur les marchés, les institutionnels pourraient alors contribuer à relancer les actifs numériques. Un marché en perte de vitesse depuis des mois, comme l’ensemble des marchés à risques.
À terme, l’homme d’affaires voit le secteur de la crypto comme un secteur important du S&P 500, l’indice boursier de référence Outre-Atlantique :
Parce que s’il est vrai que la crypto devient le 12e secteur du S&P dans la prochaine décennie, une partie de la valeur des actions de services financiers, comme les banques, va être transférée vers ces nouvelles technologies, et vous ne savez généralement pas quand cela va se produire. Ce qui nous manque actuellement, c’est la politique. Lorsque nous aurons une politique et que le régulateur réglementera , les robinets de capitaux vont inonder ce secteur comme vous ne l’avez jamais vu.
Qu’espérer pour Bitcoin ?
Selon O’Leary, la règlementation pourrait être un élément de nature à faire sortir Bitcoin et le marché crypto de sa fourchette de négociation des dernières semaines :
Si les institutions sentent la politique, alors vous avez un véritable mouvement à la hausse, et c’est à ce moment-là que vous sortez de la fourchette de négociation de 19 000 à 22 000 dollars par rapport au dollar américain. Je pense que vous allez passer à travers cette fourchette très rapidement.
Si beaucoup considèrent qu’acheter du Bitcoin est aujourd’hui risqué, l’homme d’affaires prend de son côté le problème dans l’autre sens. Et précise qu’il existe désormais un risque, pour tout investisseur, à se désintéresser de la mère des cryptomonnaies. Et du marché des actifs numérique de façon plus large. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le cours du Bitcoin est à 19 560 $.