Les SPAC pour Special Purpose Acquisition Companies sont en train d’envahir les marchés boursiers du monde entier. Si ces entreprises d’un nouveau genre existent depuis une quarantaine d’année, elles trouvent leur second souffle depuis seulement quelques mois. Alors, simple effet de mode ou véritable nouveauté durable sur les places boursières mondiales ? Eléments de réponse ici !
SPAC : de quoi parlons nous ?
Si l’on voulait qualifier les SPAC, nous serions tenté de les ranger parmi les hybrides entre les fusions acquisitions et les IPO (introductions boursières). En réalité, si l’introduction via une SPAC est souvent présentée comme un système novateur, il s’agit d’un concept qui existe depuis les années 80 aux Etats-Unis. En France, cette méthode est aussi présente depuis 2016. Mais elle a véritablement explosé sur l’année 2020 avec plus d’une centaine d’introductions, soit le double de 2019. En 2021, la tendance semble encore s’accentuer.
Pour définir simplement ces entreprises, nous serions tenté de dire qu’il s’agit d’une société qui accompagne une entreprise pour son introduction boursière. Cela permet de faciliter l’introduction en évitant les vérifications des régulateurs financiers. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que ces sociétés, souvent assimilées à des coquilles vides ont pour unique objectif de s’affilier avec d’autres sociétés. Il ne s’agit donc pas de fusions-acquisitions telles qu’on peut les retrouver entre deux entreprises d’un même secteur. Les investisseurs SPAC signent alors des chèques en blanc en misant sur le fait que l’entreprise saura s’associer avec des entreprises aux perspectives prometteuses.
Selon la définition de la SEC (Securities Exchange and Commission), les SPAC sont des véhicules d’investissement créé pour “mettre en commun des fonds afin de financer une opportunité de fusion ou d’acquisition dans un délai déterminé”. Généralement les SPAC doivent trouver une entreprise partenaire dans les 2 ans.
Pourquoi les entreprises utilisent les SPAC ?
Comme nous l’avons évoqué, cela permet en premier lieu de simplifier son introduction boursière pour l’entreprise désireuse d’être côtée en bourse. Si la procédure se trouve simplifiée, le délai est lui aussi compressé au maximum.
En effet, dans le cadre d’une SPAC, l’entrée en bourse est beaucoup plus rapide qu’une procédure classique qui peut prendre 12 à 18 mois. Un système parfait pour de jeunes pousses prometteuses ayant parfois peu d’années d’exercice et peu de chiffres concrets à présenter.
Le deuxième élément qui plaide en faveur du recours aux SPAC tient à leur côté spéculatif. Sur les mois de janvier et février, les introductions SPAC connaissaient une hausse du cours de 6 % sur la première journée de cotation. Soit bien plus que la norme constatée sur l’année 2020 et ses 1,6 % en moyenne, un chiffre pourtant record.
Les dangers potentiels liés aux SPAC
La SEC alertait d’ailleurs il y a peu sur les risques liés à ces introductions qui explosent. Tout d’abord et comme nous l’avons vu, les SPAC renforceraient l’aspect spéculatif de l’actif. Laissant craindre encore plus de risques sur les marchés financiers. Notamment à terme pour les plus petits investisseurs.
Mais au delà des opérations, c’est l’ampleur du phénomène qui inquiète. A Wall Street, depuis le début de l’année 2020, plus de 300 introductions ont été faites via des SPAC. Pour près de 100 milliards de dollars levés, soit déjà plus que l’ensemble de l’année 2020. Depuis le début de l’année, il s’agit même du principal mode d’entrée à Wall Street. Aux Etats-Unis toujours, selon certaines estimations près de 400 SPAC chercheraient des partenaires pour une introduction boursière imminente.
Un engouement qui pourrait aussi s’expliquer par l’association de plus en plus systématique de ces sociétés SPAC avec des célébrités. Que ce soit dans le monde du cinéma, du sport ou encore de la politique. Depuis peu, c’est par exemple l’ancien basketteur NBA Shaquille O’Neal qui promeut la SPAC “Forest Road Acquisition Corp”. La SEC met aussi en garde les investisseurs contre ces pratiques en précisant que “ce n’est jamais une bonne idée d’investir dans une Spac parce qu’une célébrité y a investi ou en est un sponsor”.
De plus, en France, les SPAC sont uniquement accessibles via Euronext Pro, un marché uniquement réservés aux investisseurs professionnels. Si les SPAC sont souvent présentés comme une possibilité de démocratiser l’investissement auprès du plus grand nombre, il semblerait que ce ne soit pas le cas dans l’hexagone.
Le mécanisme des 20 % et ses dangers potentiels
Autre danger, et non des moindres : le mécanisme des 20 %, appliqué par la majorité des sociétés SPAC. Lorsque ce principe est appliqué, il stipule que la SPAC doit réaliser une acquisition dans les 2 ans après sa création, faute de quoi elle devra restituer l’argent aux investisseurs. Par le biais de l’acquisition, les fondateurs de la SPAC peuvent prétendre à 20 % des participations de l’entreprise. Créant au passage des risques de conflit d’intérêt en cas de difficulté à trouver une entreprise avec laquelle fusionner.
Ainsi, à l’approche de l’échéance des deux ans, certaines SPAC pourraient être tentées de fusionner coûte que coûte. C’est surtout ce dernier point qui est mis en avant par les anti-SPAC.