L’État a annoncé ce mardi 19 juillet sa volonté de lancer une OPA, à savoir une offre publique d’achat, afin de renationaliser EDF. Le prix de l’opération est estimé à 9,7 milliards par le ministère de l’économie.
Retour en détail sur la mise en place de l’opération de rachat
Afin d’acquérir les actions EDF qu’il ne détient pas encore, l’État français va lancer une offre d’achat avec un prix de 12 euros par action. Ce prix représente un intérêt conséquent pour les investisseurs car il constitue une prime de 53 % sur le cours en bourse à la clôture de la séance du mardi 5 juillet 2022 ; qui était pour rappel la veille de la déclaration de la Première ministre Élisabeth Borne.
Cette dernière a annoncé la volonté de l’État de renationaliser EDF et par conséquent d’acheter les 15,9 % d’actions qui lui manque afin de détenir 100 % du capital du géant de l’énergie.
Par ailleurs l’État souhaite également obtenir 60 % des titres OCEANE, un acronyme qui désigne les obligations convertibles échangeables en actions nouvelles ou existantes. Il s’agit d’obligations permettant à l’émetteur de procéder à leur remboursement au moyen d’une création d’actions ou d’une distribution de titres préexistants, offrant ainsi l’opportunité, à ce dernier, de transformer une dette en capital social et de n’avoir ainsi aucune somme à débourser. Concernant l’offre de l’État, le prix par OCEANE s’élève à 15,64 euros dans le cadre de ce rachat.
Dans l’attente d’une annonce de l’État, la cotation d’EDF en Bourse avait précédemment été suspendue mercredi dernier avec une clôture à 10,22 euros pour le titre du groupe énergétique.
L’offre sera probablement déposée d’ici le début du mois de septembre 2022 auprès de l’Autorité des marchés financiers, sous réserve de la promulgation d’une loi de finances rectificative pour 2022 portant les crédits budgétaires nécessaires à l’offre.
Cette renationalisation complète, c’est à dire à la fois pour l’achat des actions et pour les titres OCEANE, va coûter à l’État plus de 9,7 milliards d’euros. En outre le gouvernement a opté pour la voie la plus simple dans son objectif de renationalisation, à savoir l’OPA. Il aurait également pu choisir d’utiliser la loi de nationalisation, mais cela aurait été la première fois depuis 1981.
Une volonté de rachat liée à un contexte géopolitique tendu
L’État avait précédemment annoncé sa volonté de retour à 100 % dans le capital d’EDF lors d’une déclaration de la première ministre Elisabeth Borne lors de son discours de politique générale du 6 juillet dernier.
Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, avait également proclamé :
« Cette opération donne à EDF les moyens nécessaires pour accélérer la mise en œuvre du programme de nouveau nucléaire voulu par le président de la République, et le déploiement des énergies renouvelables en France. EDF peut compter sur le soutien total de l’Etat pour ce projet industriel d’une ampleur inégalée depuis 40 ans ».
Impossible d’ignorer le contexte géopolitique actuel qui a sans le moindre doute joué sa part dans le cadre de ce rachat. En effet celui-ci est marqué par l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui est venue perturber l’ensemble du secteur énergétique mondial, en particulier celui de la zone euro et plus spécifiquement de l’Allemagne.
Uniper, le premier importateur de gaz allemand, affiche un total de 54 % des volumes qu’il acquiert en provenance de Russie. Cependant ce chiffre n’est plus d’actualité aujourd’hui et le groupe doit désormais acheter les volumes manquant sur le marché au comptant où les prix ont nettement augmenté.
En conséquence, Uniper a fait la demande auprès de l’État allemand d’une aide d’urgence, ce qui a provoqué une vague d’angoisse sur l’ensemble des entreprises du secteur énergétique européen.