C’est depuis le lundi 27 juin que ce sont rassemblés plusieurs milliers d’experts et de responsables politiques à Lisbonne en réponse à l’appel de l’ONU, et cela dans le but d’établir un plan d’action face à la santé dégradée des océans qui jouent un rôle capital pour la vie sur Terre dans son ensemble.
Un lourd bilan sur le plan environnemental
Selon un rapport de l’OCDE, les espaces océaniques apportent une contribution au PIB mondial qui s’évalue à plus de 1 500 milliards de dollars et qui devrait atteindre les 3 000 milliards en 2030. Ces chiffres sont à mettre en relation avec une autre donnée, celle de la pollution plastique qui devrait tripler d’ici 2060.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a déclaré :
Malheureusement, nous avons pris l’océan pour acquis. Nous sommes actuellement confrontés à ce que j’appellerais un état d’urgence des océans.
La situation est donc grave mais le remède existe peut-être déjà. Pour le comprendre, il faut revenir en détail sur l’économie bleue. Il s’agit d’un concept économique né dans les années 90 et qui est défini par la Banque mondiale comme l’utilisation durable des ressources océaniques en faveur de la croissance économique, l’amélioration des emplois et des revenus, mais également la santé des écosystèmes océaniques.
Le terme a été consacré par l’entrepreneur et économiste belge Gunter Pauli consécutivement à sa visite au Japon en 1994. Ce voyage avait pour objectif de prendre part à l’élaboration d’un nouveau modèle économique plus respectueux de l’environnement et faisait suite à la création de la première usine écologique au monde, située en Belgique.
Même si l’économie bleue a un lien direct avec les océans et les espaces littoraux ainsi que la bonne gestion de ces derniers, il s’agit par ailleurs d’un principe plus large qui englobe une réalité spécifique. Nous parlons ici d’un système où les déchets n’en sont pas vraiment, puisqu’ils sont systématiquement réutilisés comme c’est le cas dans la nature. Voila pourquoi l’économie bleue est souvent comparée au biomimétisme.
Le parallèle entre économie bleue et économie verte
Gunter Pauli, créateur du concept de l’économie bleue, a mis en opposition son approche avec ce que l’on désigne comme l’économie verte. Pour rappel le terme économie verte implique des activités industrielles classiques mais réalisées avec des procédés moins polluants et si possible avec une consommation moindre en énergie. Le terme regroupe également les activés dont l’objectif est la protection des ressources et de l’environnement.
L’économiste belge a été très critique face à ce modèle qu’il juge couteux et inefficace, car les entreprises privées sont supposées apporter de lourdes contributions financières afin de se mettre aux normes et que leurs produits soient respectueux de l’environnement. Les problématiques des coûts bas et de la création des emplois sont très importantes dans le contexte de l’économie bleue. Pauli préconise par ailleurs les circuits courts afin de répondre à la demande locale avec des produits régionaux.
Par conséquence, la différence fondamentale entre l’économie verte et l’économie bleue est que cette dernière vise à une meilleure intégration économique, en plus d’un rapport différent aux déchets qui ne sont plus considérés comme des éléments inutilisables qu’il faut traiter mais comme des ressources à part entière. Ces éléments de réflexion nous aideront peut-être à concilier les désirs politiques de développement et de croissance avec la protection des océans qui s’avère plus que jamais cruciale.