L’incertitude réglementaire continue de faire des ravages dans l’industrie de la crypto-monnaie et plus particulièrement aux États-Unis. Depuis lors, des entreprises crypto-friendly sont en train de mettre la clé sous le paillasson une à une. Aujourd’hui, c’est au tour de deux acteurs institutionnels majeurs d’arrêter le trading des crypto-monnaies aux USA. Jump Crypto et Jane Street ne supportent plus les actions punitives des régulateurs américains. Pour cela, ils ont décidé de cesser toute activité liée à la crypto-monnaie sur le sol américain.
Jump Crypto et Jane Street quittent la scène crypto aux États-Unis
Compte tenu de la pression réglementaire sur la crypto market, deux market makers crypto de renommée ont décidé de se retirer du marché crypto US. Il s’agit bel et bien de Jane Street et Jump Crypto. Si l’on s’en tient aux informations recueillies auprès de Bloomberg, les deux entreprises d’envergure vont soit délocaliser leurs services à l’international, soit réduire leur développement aux USA. Pour les mêmes raisons d’incertitude réglementaire, Bittrex, la crypto-bourse, avait mis fin à ses opérations aux États-Unis.
Jane Street and Jump Crypto — two of the world’s top market-making firms — are pulling back from trading digital assets in the US as regulators crack down on the industry https://t.co/AdYmRWfnaZ
— Bloomberg Crypto (@crypto) May 10, 2023
On se souvient encore de ces paroles du président de la SEC, Gary Gensler qui déclarait que :
Les marchés crypto souffrent d’un manque de conformité avec la régulation. Ce n’est pas un manque de clarté juridique
Pour le cas de Jane Street, les dirigeants évoquent une incertitude réglementaire globale qui aurait poussé la firme à abandonner le marché US. L’entreprise estime qu’elle est incapable de respecter les normes édictées par les régulateurs. Du moins, son activité ne serait plus en conformité avec la politique interne de la société. A titre de rappel, Sam Bankman-Fried, l’ex PDG de FTX a été un employé de Jane Street à New York avant qu’il ne crée Alameda Research en 2017. Aussi, il est à noter que Jane Street a été cité par la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) dans son procès contre Binance.
En ce qui concerne Jump Crypto, la firme se retire uniquement du marché américain. La branche d’actifs numériques de Jump Trading dénonce la politique réglementaire actuelle de la SEC et d’autres régulateurs financiers. Cela étant, la filiale crypto de l’acteur de la TradFine compte pas réduire ses investissements, mais il est question de les transférer hors des US. A noter que Jump Crypto a été ciblé dans le cadre d’une enquête sur l’effondrement de Terra/Luna en tant que principal bailleur de fonds du projet stablecoin Terra/USD depuis l’année 2019.
Les deux acteurs institutionnels n’abandonnent pas le trading crypto
S’il est vrai que Jump crypto et Jane Street se retirent du marché US, il n’en demeure pas moins que les deux firmes continuent de proposer leurs services en matière de trading des crypto-monnaies. Il n’est pas question pour elles d’abandonner totalement ce secteur. Plutôt, les deux entreprises d’envergure vont se déplacer à l’étranger.
Cependant, Jane Street devra revoir à la baisse ses ambitions concernant le trading des crypto-monnaies. Selon Bloomberg, l’entreprise ne peut opérer tous ses servies aux USA à cause du flou réglementaire actuel. Une chose est sûre, les investisseurs américains auront du mal à négocier les crypto-monnaies à fort potentiel. La question qui se pose alors est de savoir si Jump Crypto et Jane Street attireront un grand nombre de traders outre-Atlantique.
Délocalisation d’offshore par Gemini et Coinbase
Aux États-Unis, de nombreuses plateformes d’échanges cryptographiques étendent de plus en plus leurs activités sur toute la planète. Ainsi, les entreprises Coinbase et Gemini ne souhaitent pas rester en arrière, car c’est une stratégie qui vise à vulgariser ses services.
Avant ces deux sociétés, nous remarquons que le principal émetteur du XRP Ripple s’est confronté avec la SEC depuis 2020 dans le but de délocaliser ses services. Aujourd’hui, les services proposés par cette plateforme se déploient jusqu’au continent asiatique.
Gemini et Coinbase se sont donc engagés dans la même lancée avec la nouvelle plateforme de dérivés cryptographiques offshore initiée par Coinbase. Concrètement, il s’agit d’un effet de lobbying ou encore d’une séquence de poker menteur destiné à influencer le régulateur des échanges cryptos, afin de bénéficier de la tolérance en cas de répression.
Conseillers en investissement et les exchanges crypto-monnaies privées
Les caisses du fonds américain de capital risque a16z auraient subi des graves conséquences à cause de l’adoption des nouvelles lois sur le marché de la crypto-monnaie. C’est pour cette raison que le VC (venture capital) a attiré l’attention des conseillers en investissement légalisés au sujet des propositions de la SEC concernant le custody.
En cas d’adoption des mesures proposées par la SEC, les banques de crypto-monnaies décentralisées seront exclues. Cette exclusion impactera aussi négativement les conseillers financiers américains. Bien plus, l’interdiction de ces bourses décentralisées ne pourra plus encourager les utilisateurs dans l’investissement de la monnaie digitale. Fort de constat, le fonds de capital-risque a16z déclare : « Nous craignons qu’en l’absence d’une exception appropriée de self-custodial, la règle proposée interdise effectivement aux RIA [conseillers en investissement enregistrés] de détenir et de négocier des crypto-actifs pour les clients »
Dénonciation de Gensler : pas de ségrégation sur les CES
Selon le principe de sauvegarde de a16z, un conseiller financier enregistré n’a pas l’autorisation de négocier une monnaie digitale sur un site de trading centralisé. Par la suite, le fonds explique que les plateformes ne sont pas adaptées pour ce genre d’opérations et les tentatives de négociation des actifs par un conseiller boursier seraient répressibles.
De son côté, la SEC affirme que « Le modèle actuel dans le domaine crypto est un modèle d’ownership (…) de ces fonds, et les mélange avec des milliers, et souvent des centaines de milliers ou même des millions d’autres fonds de clients »
En d’autres termes, la SEC pense que certaines plateformes de crypto-monnaies ne sont pas en mesure de garantir la garde des actifs numériques à cause de leurs manques de qualifications.