En fin de semaine dernière, l’ABE (Autorité Bancaire Européenne), lançait un test de résistance du système bancaire européen. L’objectif ? Evaluer le comportement et la capacité de résistance des banques face à un scénario de prolongement de la crise sanitaire. Si celui-ci devait initialement avoir lieu en 2020, les instances européennes ont préféré le reporter d’une année, le temps de laisser aux banques jouer leur rôle dans une crise bien réelle.
Vers une explosion du risque de défaut en 2021
Avec 32 184 défaillances d’entreprise en 2020, la France connait son plus bas niveau historique depuis 1987. Ces chiffres, communiqués par le cabinet Altarès peuvent de prime abord interpeller, tant la contraction de l’activité économique a été forte en 2020. A y regarder de plus près, l’ensemble des dispositifs déployés à l’attention des entreprises explique dans les grandes largeurs ces chiffres étonnamment bas.
Fond de solidarité, chômage partiel, reports et exonération de charges sont autant de variables explicatives du « gel » de la situation économique d’une grande partie des entreprises. Sans compter les prêts garantis par l’état auxquels ont eu recours plus de 600 000 entreprises pour un montant total de plus de 130 milliards d’euros.
Si les dispositifs d’aide ont pu être différents dans toute l’Europe, une chose risque bien d’être commune pour chaque pays membre de l’union : la crise économique viendra seconder la crise sanitaire. Pour de trop nombreuses entreprises, les dégâts sont d’ores et déjà irréversibles. Les estimations tablent aujourd’hui sur une fourchette comprise entre 50 000 et 70 000 défaillances à prévoir pour l’année 2021. Soit, peu ou prou, le double de ce qui avait été enregistré pour 2020. Des chiffres qui incitent la Banque Centrale à considérer que le risque de crédit sera le plus gros risque de 2021.
Stress test : Evaluer la capacité de résilience du système bancaire
Cette très forte augmentation des défaillances pour 2021 en France mais aussi partout en Europe ne sera évidemment pas sans conséquences pour le secteur bancaire dans son ensemble. En effet, le pourcentage de prêts bancaires défaillants va lui aussi augmenter pour l’année 2021. Inéluctablement.
Ces défaillances sont aussi bien à prévoir sur les prêts octroyés à des entreprises qu’à ceux octroyés aux particuliers. Que ce soit pour les prêts immobiliers ou pour les crédits à la consommation, le taux de défaillance va augmenter sur l’année 2021.
Reprenons l’hypothèse de 60 000 défaillances d’entreprises en France en 2021. En sachant que chaque défaillance détruit en moyenne 3,5 à 4 emplois, cela aurait un impact sur 210 à 240 000 postes. Entrainant en cascade, des défauts de paiement d’un nombre encore plus important de ménages. Cet exemple français peut se répercuter dans l’ensemble des pays européens. Eux aussi connaîtront également une année 2021 à placer sous le sigle de la crise économique.
Comment sera réalisé ce « stress-test » ?
L’objectif ultime de ce stress test est donc de tester la solidité du système financier européen. Ces phases ont lieu en principe tous les 2 ans. Elles permettent d’apporter un complément à l’analyse de la situation prudentielle des établissements bancaires.
Pour la méthodologie, les instances mèneront des observations sur 50 banques dont 38 étant domiciliés dans la zone euro. Par soucis de représentativité de l’ensemble du système, ces banques représentent environ 70 % de l’ensemble des actifs bancaires européens. L’exercice, qui durera près de 6 mois sera piloté par plusieurs instances comme l’Autorité bancaire européenne mais aussi la Banque Centrale Européenne (BCE) ainsi que la Commission européenne. Les juridictions nationales apporteront aussi pour certaines, leur pierre à l’édifice.
Les instances de régulation européennes ont retenu plusieurs hypothèses centrales pour ce stress test :
- Prolongement de la crise sanitaire
- Environnement de taux d’intérêt qui reste bas dans la durée
- Phases importantes de contractions de l’économie
Il sera notamment question d’auditer les capitaux de l’ensemble des banques étudiées. Dans le but de déterminer dans quelles proportions ces banques pourront supporter les pertes tout en continuant à alimenter l’économie réelle. Les résultats de cette longue phase de test, à plusieurs scénarios, seront connus le 31 juillet prochain.