Le financement participatif (crowfunding) au service du sauvetage de films d’anthologie, Marius, Fanny et César : telle se présente l’initiative lancée en 2014 par Nicolas Pagnol, petit-fils du cinéaste et gardien vigilant du patrimoine de ses œuvres.
Relayé par la plate-forme de crowfunding Ulule (http://fr.ulule.com), l’une des plus importantes en Europe, cet appel au mécénat culturel public s’est donné pour objectif de trouver 150.000 euros (50.000 euros par film) pour redonner vie à des négatifs en grande fragilité, souillés de moisissures et parsemés de collures. La restauration doit s’opérer sur un nouveau support, le 35 mm polyester, qui garantira aux nouvelles pellicules une durée de vie supplémentaire d’au moins un siècle. Un transfert numérique est également prévu. En outre, le cadrage d’origine au 1 :20 sera rétabli. Quant à « César », la restauration s’attachera à redonner vie à la version longue, dont la durée dépasse de 20 minutes la version d’exploitation existante.
Selon la mise des mécènes, ceux-ci auront droit à un bout de pellicule de la trilogie, à un ou plusieurs DVD, ou encore à une mention au générique de fin, ou à un cumul de ces avantages.
Plus de 75 000 euros ont d’ores et déjà été rassemblés via Ulule, et tant la plate-forme que Nicolas Pagnol ne désespèrent pas de réunir la totalité de la somme nécessaire. Si donc l’opération se concrétise comme elle en prend le chemin, l’exploitation des films, d’abord dans les salles d’art et d’essai et les Festivals (Cannes partiellement dès cette année ?) pourra reprendre, sans oublier des présentations à Marseille, patrie de Pagnol et lieu de déroulement mythique de la trilogie.
Le crowdfunding tient là en tout cas l’une de ses facettes la plus surprenante et noble de sa jeune carrière, la dimension patrimoniale appliquée ici au 7 ème Art, 120 ans après la naissance du cinéma et de l’un de ses plus prestigieux serviteurs. « Le cinéma et moi sommes nés le même jour, au même endroit », avait coutume de répéter le cinéaste ». La Finance participative est Ô combien partie prenante aux anniversaires ! (Il faut souligner par ailleurs que l’Etat et d’autres intervenants comme le CNC et la Cinémathèque Française, ou encore ARTE concourent à la remise en état du patrimoine des films de Pagnol, qui ne se limitent pas à la célèbre trilogie.)