Dans un premier temps sceptiques par rapport aux cryptomonnaies, les grandes institutions comme les états commencent également à penser à l’émission de leurs propres monnaies virtuelles. Accessibilité à tous, facilitation des échanges dans un monde ou la circulation rapide de la monnaie est une clé de la réussite, les avantages sont multiples pour les états. Voyons concrètement comment cela se met en place aux Etats Unis ou encore dans la zone euro.
Etats-Unis : Un chèque numérique pour la relance ?
La crise sanitaire semble avoir accéléré un processus déjà enclenché depuis plusieurs mois. Depuis bien longtemps, la FED (banque centrale américaine) cherche à moderniser son système de paiement. En effet, l’organe souhaite se tourner vers un système de paiement instantané. Un système qui pourrait aussi s’adresser aux américains n’ayant pas de compte bancaire.
Par l’intermédiaire de sa présidente, Loretta Mester, la FED a par ailleurs fait savoir que l’organisme travaillait main dans la main avec le M.I.T (Massachusetts Institute of Technology) pour mettre sur pied cette monnaie banque centrale numérique. Il est d’ailleurs question que le second chèque de 1 200 $ destiné à aider les ménages américains puisse être émis sous forme de dollar digital.
Par ce biais, la FED entend aussi donner plus d’impact à une politique de redistribution parfois pointée du doigt. Ce versement digital permettrait alors de toucher la totalité de la population, y compris les américains dans la plus grande précarité. Une proposition de loi a par ailleurs été déposée allant dans ce sens. Il serait question pour chaque américain d’avoir un compte auprès de la FED. Ces comptes pourraient alors recevoir des dollars digitaux.
Zone euro : L’émission d’un euro digital comme objectif majeur ?
Depuis de nombreux mois, l’Union Européenne réfléchit à l’émission d’un euro digital. Dès le 12 Octobre, une consultation publique a été lancée. Celle-ci aura pour objectif de mieux cerner les attentes des acteurs du système financier mais aussi celles du grand public. La phase de consultation devrait durer 3 mois. Dans un communiqué de fin de semaine dernière, Christine Lagarde, présidente de la banque centrale européenne déclarait : “Nous devons nous tenir prêts à émettre un euro numérique si cela s’avère nécessaire”.
Ce projet d’euro digitalisé répond à plusieurs problématiques. Premièrement, les économistes constatent que le recours aux paiements en espèce diminue dans toute la zone euro. Elle est notamment très visible en Allemagne, pays pourtant très attaché à la monnaie fiduciaire. Deuxièmement, le projet permettrait à la fois aux entreprises, aux institutions comme aux particuliers d’accélérer la circulation monétaire entre les agents économiques. Enfin, le projet cryptographique européen permettrait de répondre stratégiquement à des projets privés. Nous pensons notamment à celui de Facebook et de sa monnaie virtuelle : Libra.
Si le projet est dans les tiroirs depuis de nombreux mois, il ne verra vraisemblablement pas le jour avant mi 2021. En effet, à la suite de cette consultation de 3 mois, la banque centrale européenne annonce que des tests pourront être menés pendant une durée plus longue d’au moins 6 mois. Si la phase de test est concluante, la BCE pourrait alors amorcer la procédure à la mi 2021. Certains experts tablent sur une disponibilité d’ici 3 ans dans le portefeuille des européens.
Dans le même temps, la BCE étudie également la possibilité pour les entreprises comme pour les particuliers de disposer d’un compte à la banque centrale. Pour l’heure, ce privilège est uniquement détenu par les banques commerciales qui jouent le rôle d’intermédiaire entre agents économiques et BCE.
Les cryptomonnaies : un outil pour contourner les embargos et les sanctions diplomatiques
Ici nous ne parlons plus de monnaies d’état mais bel et bien de l’utilisation des monnaies virtuelles existantes comme le Bitcoin, l’Ethereum ou encore le Litecoin.
De nombreux pays, à l’instar de la Corée du Nord, du Venezuela ou de l’Iran l’ont bien compris, les cryptodevises permettent de contourner les systèmes de paiement internationaux. L’Iran a par exemple choisie d‘investir dans le Bitcoin en déployant un certain nombre de fermes de minage. Ce revirement de politique à l’égard des cryptomonnaies s’est surtout fait en réponse à l’exclusion du pays du système de paiement international SWIFT.
L’intérêt de pays comme le Venezuela ou la Corée du Nord pour les cryptodevises se fait aussi en réponse à des sanctions voulues par le gouvernement américain. Les monnaies virtuelles revêtent inéluctablement un rôle de contournement géopolitique.
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