Boursier.com : Comment expliquez-vous la dynamique du marché automobile, le montant de la prime à la casse n’étant pas si élevé?
A.A. : Nous avons été surpris par la robustesse du marché puisque la prime à la casse a effectivement été réduite cette année. Il faut toutefois noter que si l’on ajoute à cette prime, le bonus écologique dans certains cas et les réductions offertes par les constructeurs, l’économie réalisée par le consommateur est loin d’être négligeable…
Boursier.com : Les effets de la prime à la casse sont-ils réellement bénéfiques sur le long terme?
A.A. : Sur le long terme, la prime à la casse ne va pas réellement changer la donne mais sur le court terme, nous avons besoin de protéger certaines industries. Ainsi, les données fournies par les constructeurs automobiles montrent que 30 à 50% d’utilisateurs de la prime à la casse auraient effectué un achat d’occasion et ne se seraient pas tournés vers un véhicule neuf. Ce n’est donc pas de l’achat d’anticipation mais d’opportunité, qui est très positif sur le court terme.
Boursier.com : Les réductions offertes par les grands constructeurs automobiles ne risquent-elles pas de se pérenniser et de réduire leurs marges ?
A.A. : Dans un environnement très concurrentiel, notamment en Europe, le mouvement de la baisse des prix devrait effectivement se poursuivre. Pour éviter une baisse trop importante de leurs marges, les constructeurs doivent faire appel à une logique de plateformes et d’alliances. Le mouvement de baisse de leurs coûts doit être plus rapide que celui de la baisse des prix proposée aux consommateurs.
Boursier.com : Comment voyez-vous l’évolution du marché sur 2011 ?
A.A. : Nous anticipons une très légère croissance en Europe, qui serait notamment tirée par l’Allemagne. En revanche, le marché français devrait subir une baisse assez significative, de 5% à 10%. Le marché espagnol devrait aussi être en baisse alors que ceux du Royaume-Uni et de l’Italie devraient être stables. En Chine et en Amérique du nord, la croissance va très certainement se poursuivre.
Boursier.com : Pensez-vous que la voiture électrique aura du succès ?
A.A. : Les grands constructeurs automobiles ont une approche tout à fait différente. Peugeot bénéficie d’une offre existante chez son partenaire Mitsubishi. Les volumes devraient être limités d’autant que les modèles proposés se cantonnent à un usage urbain. Le ‘business model’ proposé par Renault devrait avoir du succès dans les pays où l’infrastructure suit comme Israël, le Danemark, certaines parties de la Californie aux Etats-Unis alors qu’en Europe, le marché se limitera, en tout cas pendant les trois premières années, aux consommateurs ayant un intérêt développé pour la technologie et les réductions de CO2.