Boursier.com : Le Plan Geithner visant à isoler les actifs toxiques a été bien accueilli par les places financières. Ce plan reste toutefois très dépendant de la capacité des autorités à intéresser les investisseurs privés…
Christian Parisot : Pour attirer des investisseurs, le Trésor américain met l’accent sur l’effet de levier qui en découle… D’autre part, ce sont les investisseurs privés qui fixeront eux-mêmes le prix d’achat des actifs illiquides. C’est donc le marché qui décidera de la juste valeur de ces actifs et dédouanera de ce fait le Trésor ! En effet, si le Trésor rachetait les actifs toxiques des banques à un prix trop élevé, il serait accusé de subventionner les banques. À l’inverse, si le prix était jugé trop faible, alors il lui serait reproché de favoriser le contribuable et de ne pas résoudre le problème du système bancaire.
Boursier.com : Ce plan peut-il avoir des effets rapides selon vous ?
C.P. : Il faudra avant tout que les investisseurs privés répondent présent. Est-ce que l’appât du gain sera supérieur à cette aversion pour le risque ? En tout cas, la rentabilité potentielle de ces actifs douteux a tout de même fortement augmenté par cet effet de levier.
Boursier.com : En Bourse de Paris, voyez-vous une reprise prochaine du CAC40?
C.P. : Dans notre scénario boursier, nous tablons sur une très forte hausse à court terme des marchés de l’ordre de 30 à 40%. Ce rebond ne sera pas lié à des indicateurs économiques car ils resteront assez déprimés… Cependant, à horizon 6 mois, le marché devrait abandonner de nouveau aux environs de 10%…
Boursier.com : Quelle allocation sectorielle est à privilégier pour accompagner le rebond ?
C.P. : Ce sont en premier lieu les valeurs cycliques qui vont rebondir… Nous privilégions particulièrement les valeurs pétrolières. Les cours des matières premières sont en effet assez bas et les compagnies pétrolières offrent un rendement relativement important. Il ne faut pas non plus rester à l’écart des valeurs bancaires même s’il existe un risque… Concernant les secteurs plus défensifs (‘utilities’, santé, télécom) qui vont sous performer, nous avons malgré tout une préférence pour les télécoms. Dans ce secteur, les cash flow restent très sûrs. De plus, nous constatons une augmentation du revenu moyen par abonné grâce à la 3G. Enfin, le durcissement des conditions de financement est un aspect positif pour ce secteur dans la mesure où il empêche de nouveaux entrants de venir sur le marché. En résumé, l’idée clé est de plus miser sur la consommation que l’investissement des entreprises. L’impact des plans de relance devrait être en effet très positif sur la consommation.
Boursier. com : À l’inverse, de quels secteurs doit-on se tenir à l’écart?
C.P. : Nous restons globalement à l’écart des valeurs technologiques, qui vont encore souffrir de l’absence de redémarrage d’investissement des entreprises. Nous évitons également le secteur voyage et loisirs, notamment le transport aérien, dans la mesure où le transport d’affaires, qui est très générateur de marge, ne va pas se reprendre d’un seul coup… L’automobile enfin où le risque d’augmentation de capital est très fort reste à manier avec prudence.
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