Boursier.com : La baisse du prix des matières premières ne semble pas encore s’être fait ressentir pour Rhodia…
J.P. C. : La forte baisse de la demande en fin d’année nous a empêché de bénéficier des impacts favorables de la baisse des prix des matières premières et de l’énergie constatée sur les marchés. Nous avons en effet consommé au quatrième trimestre des matières premières acquises à prix élevé un peu plus tôt dans l’année, ce qui a pesé sur la rentabilité du Groupe. Cette situation devrait perdurer jusqu’à la fin du au premier trimestre 2009.
Boursier.com : Comment s’explique le recul d’activité au quatrième trimestre ?
J.P. C. : Nous avons atteint un point d’inflexion lors du quatrième trimestre. La baisse du chiffre d’affaires enregistrée sur cette période résulte avant tout du décrochage de la demande, notamment sur les activités Polyamide, dont les volumes ont reculé de 31%. Nous avons toutefois été en mesure d’augmenter nos prix au quatrième trimestre, dans les mêmes proportions que lors des trimestres précédents… Au final, nous avons réussi à passer des hausses de prix de l’ordre de 10% en 2008, ce qui nous a permis de compenser la hausse des matières premières et de l’énergie.
Boursier.com : Un mot sur la situation financière de Rhodia ?
J.P. C. : Rhodia dispose de plus d’un milliard d’Euros de liquidités. La Trésorerie dépasse les 500 ME et nous disposons d’une ligne de crédit non tirée de 600 ME. Pour ce qui est de la dette, elle a diminué de 12% en 2008 et de plus de 30% sur les deux dernières années. La diminution en 2008 résulte en grande partie des efforts réalisés sur le dernier trimestre pour générer du free cash flow .
Boursier.com : Comment abordez-vous 2009 ?
J.P. C. : L’environnement économique reste incertain. Nous ne voyons pas de signaux tangibles de redémarrage de l’activité… Le rythme d’activité actuel reste bas, similaire à celui observé en décembre 2008. Je ne sais pas combien de temps la crise va durer, mais 2009 sera certainement une année difficile. Quoiqu’il arrive, notre objectif est de sortir renforcé de cette crise en mettant en oeuvre d’ores et déjà une série de mesures destinées à améliorer notre compétitivité.
Boursier.com : Vous ne donnez pas d’objectifs chiffrés…
J.P. C. : En 2009, la priorité sera donnée à la génération de Free Cash Flow. Pour ce faire, nous serons très attentifs à l’évolution de la demande, de façon à ajuster au mieux les niveaux de production de nos sites. Nous ne voulons pas voir nos stocks augmenter. Par ailleurs, nous allons réduire notre structure de coûts. Enfin, nous allons diminuer d’un tiers nos investissements avec un objectif compris entre 180 et 200 ME pour l’année 2009.
Boursier.com : Avec la forte baisse de la demande et donc des volumes, allez-vous baisser les prix ?
J.P. C. : Nous défendrons nos marges en 2009. Si nous avons augmenté nos prix en 2008, c’était pour faire face à l’inflation record des prix des matières premières et de l’énergie, mais l’environnement a complètement changé et nous allons ajuster progressivement nos prix à la situation des matières premières.
Boursier.com : L’effondrement des volumes dans les Polyamides vous oblige t-il à reconsidérer ce pôle ?
J.P. C. : Notre vision de ce marché a changé : nous observons désormais un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande, du fait des baisses de consommation de Polyamide, en particulier dans le secteur du bâtiment aux Etats-Unis. Une restructuration du secteur est nécessaire, notamment aux Etats-Unis où existent les principales surcapacités.
Boursier.com : Pourquoi supprimez-vous le dividende ?
J.P. C. : Compte-tenu de la faible visibilité pour 2009 et de la priorité donnée à la génération de free cash flow, nous avons décidé de suspendre cette année notre politique de versement de dividende. Les efforts doivent être partagés par tous et nos actionnaires sont, eux aussi, sollicités.