Boursier.com : Les investisseurs sont désormais préoccupés par les hausses des prix des matières premières, qui semblent avoir pris le relais des craintes sur les dettes souveraines…
T.P. : Et le problème lié aux dettes souveraines est aussi réapparu cette semaine, avec les dégradations des notes de la Grèce et de l’Espagne ! Mais effectivement, le risque qui a pris le dessus depuis le début de l’année concerne les matières premières. On ne peut pas nier que la forte poussée des matières premières aura une influence sur les économies occidentales. Mais peut-être cette influence est-elle un peu exagérée, au moins à court terme, en Europe.
Boursier.com : Pourquoi ?
T.P. : La hausse des matières premières résulte en effet de la forte croissance des pays émergents et l’inflation reste avant tout un sujet dans ces pays-là, un peu moins en Europe où le taux de chômage reste élevé et les taux de croissance relativement faibles.
Boursier.com : Le Marché s’attend à une hausse des taux courts de la BCE. Quel est votre avis ?
T.P. : La hausse est intégrée dans les cours de bourse. Ceci dit, j’ai tout de même le sentiment que les autorités feront tout pour que la croissance reparte de l’avant. Elle reste molle. Plus vigoureuse, elle permettrait de soigner le mal de l’endettement public. Donc je ne crois pas que la BCE casse le peu de croissance que nous avons en Europe.
Boursier.com : Les sociétés cotées ont, pour leur part, retrouvé des niveaux de rentabilité très élevés. N’y a-t-il pas un risque de déception quant à leur capacité à les maintenir dans les mois à venir ?
T.P. : On constate toujours une décote forte sur les marchés européens. Les sociétés du domaine du luxe, les parapétrolières ou minières ont énormément progressé, parce que les investisseurs ont choisi d’investir dans des sociétés dont la croissance était tirée par l’international. A l’inverse, des thèmes ont été totalement délaissés par le marché. Selon moi, le vrai souci ne concerne pas le maintien ou non de taux de marge, mais plutôt de savoir si la rotation vers les valeurs plus traditionnelles, industrielles, observée depuis le début de l’année va durer. Si elle dure, il y a énormément de sociétés très décotées pour que le marché progresse… Le potentiel est à chercher sur les grandes valeurs européennes affichant une décote par rapport à leurs plus hauts boursiers et délaissées depuis quelques années.
Boursier.com : Quels titres ?
T.P. : En période de hausse des matières premières, il faut préférer les valeurs minières, les sociétés disposant d’un ” pricing power ” fort, comme dans la chimie. Or, toutes ont déjà largement progressé ! Donc il peut être pertinent de revenir sur des valeurs traditionnelles, Bouygues, Vivendi ou France Télécom en France ou Repsol en zone Euro. Ces sociétés disposent d’énormes moyens et sont très décotées par rapport à leurs fondamentaux.
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