Boursier.com : Quelle est votre vision de l’économie mondiale pour l’année prochaine ?
Y.B. : Nous tablons sur une croissance positive mais avec un fort contraste entre les économies développées et les économies émergentes. Au sein des économies en développement, on devrait également avoir une divergence entre les pays qui ont une devise flottante et ceux qui ont une devise liée au Dollar. Nous pensons que la croissance des USA en 2011 devrait être de 3,25%. En Europe, la croissance devrait être moindre, seule l’Allemagne devrait tirer son épingle du jeu. Dans les marchés émergents, on s’attend à 5% de croissance en moyenne mais le contrôle des pressions inflationnistes sera important.
Boursier.com : Quid de la différence de politique et de stratégie entre la BCE et la FED ?
Y.B. : Nous considérons la situation de l’Amérique fondamentalement différente de celle de l’Allemagne. Il y a donc un dialogue de sourds entre allemands et américains sur le remède et la réponse à apporter en terme de policy-mix. Outre-Atlantique, bien que le crédit soit quasiment offert à taux zéro, il n’y a toujours pas de demande, les ménages sont encore surendettés. Dans cette situation, nous pensons que la politique menée par la Fed va dans la bonne direction. L’accord sur le budget 2011 est également une bonne chose dans la mesure ou tant que le secteur privé est en phase de désendettement, il est tout à fait illusoire de vouloir contrôler le déficit budgétaire. En Europe, la situation est beaucoup plus complexe avec des pays qui souffrent de surendettement et d’autres où le secteur privé est sain. La BCE a donc fondamentalement une mission quasi impossible à accomplir puisque elle a deux situations opposées à régler.
Boursier.com : Comment voyez-vous évoluer la parité euro/dollar ?
Y.B. : Compte tenu des difficultés auxquelles fait face l’UE, les risques sont plutôt du côté de la monnaie unique. Le Dollar est donc plutôt haussier, d’autant qu’il est toujours une valeur refuge. Néanmoins les problèmes sont également importants aux Etats-Unis, et on n’est pas à l’abri de brusques changements de tendance. La parité devrait donc être assez chaotique l’an prochain, avec au final un biais légèrement haussier pour le billet vert.
Boursier.com : Au niveau des marchés actions, beaucoup de spécialistes sont assez optimistes pour 2011, est-ce également votre cas ?
Y.B. : Tout à fait. Les actions des pays développés se négocient avec une décote par rapport aux valeurs des pays émergents. On y trouve également davantage de sociétés de qualité. De plus, ces marchés occidentaux ont été ignorés ces dernières années par les investisseurs au détriment justement des marchés émergents qui ont reçu des flux importants.
Boursier.com : Y-a-t-il des secteurs à privilégier sur ces marchés développés ?
Y.B. : On doit s’efforcer de favoriser les sociétés qui bénéficient du commerce mondial. En revanche, il convient d’éviter les valeurs exposées aux budgets des états développés qui sont dans une phase d’ajustement. On doit ainsi demeurer à l’écart des secteurs de l’électricité et des télécoms. Nous évitons aussi les valeurs financières, les nouvelles régulations vont en effet diminuer le rendement des fonds propres.