A la différence des taux à court terme, qui sont désormais identiques pour l’ensemble de la zone Euro (un seul EONIA ou un seul Euribor), les taux à long terme sont restés propres à chaque Etat membre. Ils peuvent donc présentés entre-eux des écarts plus ou moins conséquents.
L’évolution des taux à longs terme obéit fondamentalement à la loi du marché, soit à l’offre et à la demande de capitaux.
Les taux à long terme ne sont donc que partiellement influencée par les taux directeurs des banques centrales qui ont eux, en revanche, un impact direct sur les conditions de taux à court terme.
La demande de capitaux à long terme est directement influencée par les déficits et les dettes des Etats
En effet, le financement de ces endettements, et donc des Etats, passe par des émissions d’emprunts obligataires (OAT en France) dont les encours sont de plus en plus considérables. Le recours accru à ces émissions a un effet d’éviction sur l’épargne à long terme et génère des tensions haussières sur les taux d’intérêt à long terme.
Les autres émetteurs pèsent un poids beaucoup moins conséquents sur les marchés obligataires. La crise des dettes d’Etats de la zone euro a montré à quel point la demande de capitaux de l’acteur étatique est un facteur clé influençant à la hausse comme à la baisse le niveau des taux à long terme.
La qualité de l’émetteur est aussi un facteur d’influence des taux obligataires
Le taux d’intérêt versé sur une obligation sera plus ou moins attractif en fonction de la qualité de l’émetteur. Plus la notation d’un émetteur est bonne et plus le taux offert par l’obligation sera faible, et inversement.
Les grandes agences de notation (Standard and Poor’s, Moody’s,…), ont pour rôle d’attribuer des notes qui rendent compte de la capacité des émetteurs à faire face à leurs engagements.
Pour les opérations de moyen-long terme, les notations qu’elles attribuent vont de AAA (les grands Etats émetteurs) et peuvent descendre jusqu’à D pour les principales agences de notation que sont S&P et Moody’s.
Les obligations notées BBB plus sont qualifiées d’Investment Grade. C’est habituellement, cette limite basse qui est fixée par les investisseurs institutionnels en terme de risque et donc d’investissements. Les obligations notées en deçà sont considérées comme des investissements spéculatifs (speculative grade) et ne sont pas souscrites par les grands investisseurs, y compris lorsqu’il s’agit d’Etats.
C’est ainsi que le refus de tout investissement sur les lignes obligataires grecques, a eu pour effet de mettre définitivement à mal les finances grecques.
L’offre de capitaux à long terme repose également sur le niveau d’épargne des agents économiques.
Celui-ci doit se situer à un niveau suffisamment conséquent afin d’assurer le financement de la demande de capitaux évoquée précédemment.
Une raréfaction de l’épargne au profit de la consommation aurait pour conséquence une tension haussière sur les taux à long terme puisque les émetteurs trouveraient plus difficilement les capitaux dont ils ont besoin.
L’interpénétration planétaire des marchés influence les taux
Avec l’internationalisation des marchés, les taux pratiqués sur les grands marchés obligataires étrangers (Allemagne, Etats – Unis,…) ont un impact sur les taux à long terme domestiques. Ces taux sont donc étroitement corrélés les uns par rapport aux autres. De fait, les investisseurs ont de plus en plus une approche planétaire de leurs investissements.
Ils comparent donc les taux à long terme pratiqués sur les différents marchés obligataires avant tout investissement.
On a ainsi pu constater que dans la zone euro les écarts de taux entre le Bund allemand et les autres emprunts obligataires européens retenaient toute l’attention des analystes et investisseurs.
L’inflation anticipée joue sur le niveau des taux obligataires
Autre facteur d’influence, et non le moindre, l’inflation anticipée par les investisseurs. Plus l’inflation montre des signes de reprise, et plus le taux de rémunération demandée par l’investisseur aura tendance à augmenter.
Inversement si l’inflation anticipée montre des signes de stabilité, voir de baisse, et plus le taux de rémunération demandé par l’investisseur aura tendance à diminuer.
Dans cette optique la politique salariale ou le coût des matières premières sont autant d’éléments qui peuvent contribuer par leurs impacts sur l’inflation à des tensions plus ou moins vives sur les taux d’intérêt à long terme.
La durée d’un emprunt obligataire impacte le niveau du taux d’intérêt
La rémunération d’un placement obligataire croît normalement avec sa durée. En effet, l’investisseur à long terme attend une rémunération plus élevée que pour une période courte. En contrepartie, il prend un certain nombre de risques supplémentaires (dégradation de la qualité de l’émetteur, hausse de l’inflation dans les années futures,…).
Cela signifie donc concrètement que si on investit sur une obligation avec une durée de vie à 10 ans, on obtient, dans une configuration de taux classique, un meilleur rendement que pour une durée de 5 ans.