Le Bitcoin est souvent critiqué pour sa consommation d’énergie, et donc son impact écologique, en raison de son système de validation et de sécurisation des transactions basé sur la preuve de travail (PoW), et qui repose donc sur le mining crypto.
En effet, le site Digiconomist, qui surveille l’impact écologique du BTC, montre que l’empreinte carbone du Bitcoin équivaut à celle de la Grèce, tandis que sa consommation d’électricité atteint le même niveau que celui des Emirats Arabes Unis, et que la quantité annuelle de déchets électroniques générée par le mining Bitcoin équivaut à celle des Pays-Bas.
La ligne de défense des partisans du Bitcoin face à ces critiques est de prétendre que les sources d’énergie sur lesquelles se reposent sur le mining BTC sont de plus en plus vertes. Par ailleurs, ils estiment que le mining Bitcoin peut aider à gérer les réseaux électriques, en consommant le trop-plein de production électrique renouvelable à certaines périodes de la journée, ou de l’année.
Le Bitcoin utilise des énergies de plus en plus polluantes, selon Cambridge
Cependant, un récent rapport vient de mettre à mal ces arguments. Le Cambridge Centre for Alternative Finance (CCAF), qui publie le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index (CBECI), a en effet publié hier une mise à jour sur le mix électrique du Bitcoin, c’est-à-dire la provenance de l’électricité qu’il consomme, avec des conclusions peu reluisantes.
Le rapport souligne notamment que l’énergie nucléaire et le gaz naturel sont désormais les sources d’énergie à la croissance la plus rapide en ce qui concerne la provenance de l’électricité consommée par le Bitcoin.
Par ailleurs, les sources d’énergie les plus polluantes, le charbon et le gaz naturel, représentaient à elles deux près des deux tiers du mix électrique total de Bitcoin, soit plus de 62 %. Le charbon seul, la pire source n’énergie d’un point de vue écologique, représenterait près de 37 % de la consommation totale d’électricité de Bitcoin, soit sa source la plus importante d’électricité. À noter cependant que la part du charbon a reculé, après avoir représenté 40% du mix énergétique du BTC en 2021.
En revanche, l’utilisation de sources d’énergie durables, comme l’hydroélectricité, a fortement reculé, avec une part d’environ 15 %, contre 34% un an auparavant.
À l’inverse, la part du gaz naturel et du nucléaire dans la consommation électrique du Bitcoin a progressé de 13 % à 23 % pour le gaz et de 4% à 9% pour le nucléaire.
Une évolution liée à l’interdiction du mining Bitcoin en Chine
Notons que les analystes du Cambridge Centre for Alternative Finance expliquent ces évolutions par l’interdiction du mining crypto en Chine depuis 2021. En effet, les autorités de la Chine ont mis fin aux opérations de plusieurs sociétés de mining Bitcoin, dont beaucoup étaient alimentées par l’hydroélectricité, très développée dans le pays, ce qui a entrainé une migration vers d’autres pays.
Ainsi, la hausse de la part du gaz et du nucléaire refléterait le « déplacement de la puissance minière vers les États-Unis », selon le rapport, qui rappelle que 38 % de la production totale d’électricité du pays est basée sur le gaz.
« L’interdiction par le gouvernement chinois de l’exploitation minière de crypto-monnaies et le déplacement de l’activité minière de Bitcoin vers d’autres pays qui en a résulté ont eu un impact négatif sur l’empreinte environnementale de Bitcoin », suggère donc l’étude.
Le Bitcoin Mining Council affiche un avis différent, la Maison Blanche menace d’interdire le minage crypto
Cependant, il faut noter que le Bitcoin Mining Council affiche de son côté des conclusions légèrement différentes. En juillet, le BMC a en effet estimé la part des sources durables dans le mix électrique de Bitcoin à près de 60%. Mais la méthodologie d’étude est différente, le BMC demandant à ses membres de fournir eux-mêmes les informations sur leur mix-énergétique, tandis que Cambridge analyse la localisation des mineurs de Bitcoin, avant de se renseigner sur le mix énergétique de la région dans laquelle ils se trouvent.
Il faut aussi rappeler qu’au début du mois de septembre, la Maison Blanche avait publié un rapport concluant que le mining de Bitcoin constitue une « entrave majeure à la lutte contre le changement climatique », soulignant que le mining Bitcoin consomme aux Etats-Unis l’équivalent de la consommation de l’ensemble du parc informatique national.
Le rapport avait ainsi enjoint les cryptomonnaies reposant sur le mining à améliorer leur mix énergétique, allant jusqu’à évoquer un possible bannissement de l’activité dans le pays. Enfin, on notera que c’est principalement la consommation d’énergie du système PoW via le mining qui a motivé le récent passage de l’Ethereum au système PoS, qui repose sur le staking et consomme 99% moins d’énergie que le mining.