Les investisseurs ont pu assister ce mercredi à une séance assez fournie à Wall Street avec une actualité économique rythmée par la parution de plusieurs indices fortement attendus, notamment les Minutes de la Fed.
Les marchés dans l’attente des Minutes de la Fed
Le compte rendu de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine du 15 juin sera publié aujourd’hui à 20h00. Pour rappel cette dernière avait été le théâtre de l’annonce du relèvement de 0,75 % du taux Fed Funds, avec un écart de valeur allant de 1,50 % à 1,75 %. À noter que le taux des fonds fédéraux est le taux d’intérêt auquel les institutions de dépôt prêtent des soldes de réserve à d’autres institutions de dépôt du jour au lendemain et cela sans garantie ; il s’agit en outre du principal instrument financier ayant pour objectif d’influencer l’équilibre monétaire des États-Unis.
Cette hausse a été plus haute de 0,5 % que ce que les anticipations laissaient présager, et elle a par ailleurs été concrétisée de manière extrêmement tardive en conséquence de l’annonce quelques jours avant cela d’une inflation record avec un chiffre bien plus fort que préalablement attendu.
La situation est commentée par le bureau de recherche Oddo BHF qui déclare :
« La banque centrale fait face à un choc d’inflation dont l’ampleur et la persistance étonne tout le monde. Depuis la réunion, tous les discours de Powell n’ont fait que confirmer la priorité de la lutte contre l’inflation ».
Ce constat va de pair avec la plausibilité renforcée d’un hard landing, qui désigne dans le lexique financier une économie qui passe rapidement d’une croissance correcte à une croissance faible puis à une stagnation en conséquence d’un sentiment d’inquiétude. Ce sentiment étant lié à l’approche soudaine d’une récession, le plus généralement provoqué par les tentatives du gouvernement de ralentir l’inflation. Une définition qui semble coller trait pour trait avec les événements actuels.
Concrètement ce scénario de hard landing aurait pour signification que les réajustements monétaires annoncés n’ont pas été suffisants pour contrecarrer l’augmentation rapide des prix, ce qui pourrait se traduire par une autre amplification des taux directeurs de 75 points au mois de juillet.
Le sensible ralentissement des PMI dans le secteur des services
Les décisions monétaires précédemment évoquées ont d’ores et déjà commencé à avoir un impact négatif sur la demande des consommateurs et par extension sur l’indice ISM, ce dernier illustrant les anticipations des directeurs d’achats. L’indicateur du secteur des services devrait s’inscrire en baisse avec un score de 54 points au mois de juin, une chute de 1,9 point comparé à son score de mai.
Certes il s’agit d’un résultat qui marque une expansion de l’activité car au-dessus de la limite des 50 points cependant il s’agit là d’un bilan égal à celui du mois de mai 2020 qui marquait la levée progressive des confinements à travers le monde mis à part en Chine ; et c’est donc un résultat médiocre voire délétère. Ces données sont la représentation d’une crainte économique répandue aussi bien chez les ménages que chez les entreprises.
Les offres de travail devraient subir une réduction sur la période actuelle aux États-Unis avec un passage entre avril et mai de 11,4 millions à 11,1 millions selon le rapport sur l’emploi dans le secteur privé publié par le JOLTS (Bureau of Labor Statistics).
Du côté des marchés européens les investisseurs s’attendent à voir la demande s’orienter de la vente au détail de biens vers les services. La vente au détail de biens étant un indicateur primaire liés aux dépenses de consommation, avec en outre une progression attendue de 0,4 % sur le mois de mai.
En Allemagne les commandes industrielles devraient continuer à chuter de 0,5 % sur le mois malgré la réouverture progressive en Chine, avec pour rappel un score qui était de -2,7 % en avril.