Alors que l’instauration d’un salaire minimum suisse avait largement été refusée lors d’un vote le 18 mai 2014 par plus de 76% de la population votante, le 1e salaire minimum va être instauré dans le canton de Neuchâtel. C’est le premier des 26 cantons suisses à avoir adopté un salaire minimum.
Ses habitants vont bientôt pouvoir en bénéficier : le salaire horaire sera maintenant de 20 Francs Suisses (CHF), soit près de 17 Euros (€). Ce salaire horaire minimum sera adapté chaque année en fonction de l’évolution des prix. Au niveau mensuel, ce « SMIC » atteindrait 3 480 CHF, soit plus de 3 000 €.
D’après le Tribunal Fédéral, cette décision a été prise dans le but de lutter contre les personnes ayant un travail mais dont le salaire est trop faible pour pouvoir vivre (les working poors). Ainsi, « toute personne exerçant une activité salariée doit pouvoir disposer d’un salaire qui lui garantisse des conditions de vie décentes ».
Ce SMIC est le plus élevé du monde. Le salaire minimum suisse de 3 048,95 € brut par mois est 106% plus élevé que celui de la France qui est à 1 480,27 €. Cependant, le SMIC suisse correspond à une semaine de travail de 41h, contre 35h en France.
Il n’est pas pertinent de comparer les SMIC des 2 pays et de tirer des conclusions sur cette simple comparaison. Il faut prendre en compte les différences du coût de la vie en France en en Suisse. On peut aussi rapporter le salaire minimal à la rémunération médiane.
Les dernières données sur la structure des salaires en Suisse datent de 2014 et montrent que le salaire médian était alors de 6 189 CHF brut (soit plus de 5 147 € au taux de change du 31/12/2014) alors qu’il était proche des 2 200 € brut en France. Ainsi, un SMIC suisse à 3 000 € représentait 59% du salaire médian suisse en 2014. En France, à cette même période, le SMIC était de 1 445 € et correspondait à presque 66% du salaire médian français. Il y a une différent de plus de 5% mais le salaire minimum suisse paraît tout de suite beaucoup plus cohérant. Il y a même un risque plus grand en Suisse de tomber dans la pauvreté, soit sous le seuil des 50%.
Bien que 2 fois supérieur au montant du SMIC français, le SMIC suisse n’est pas si élevé compte tenu du coût de la vie et des frais de santé qui sont beaucoup plus importants en Suisse.
Le journal Les Echos a publié les résultats d’une étude sur les villes les plus chères du monde faite par le groupe de consulting Mercer. Dans ce classement 2017, 3 villes suisses se trouvent dans le top 10 : Zurich en 4e position, Genève en 7e position et Berne en 10e position. Le logement et l’assurance maladie sont très chers en Suisse et sont souvent cités comme des pôles importants de dépenses des habitants. Contrairement aux travailleurs français, les suisses ne cotisent pas directement pour l’assurance maladie.
Le prix des transports est aussi élevé. D’autant plus que les habitants sont souvent forcés de trouver des logements plus éloignés ce qui les rend plus dépendants des transports publics ou de la voiture (assurance, carburant, parking).