Est ce que les assureurs ont assuré pendant la crise ?
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Est ce que les assureurs ont assuré pendant la crise ?

Si la crise sanitaire semble en partie derrière nous, les conséquences économiques continuent à poindre le bout de leur nez. Et elles devraient continuer à le faire pendant de longs mois.

Au premier rang des accusés, le secteur de l’assurance, porteur de risque de toute une économie. Un secteur qui se retrouve fustigé par les particuliers ou les entreprises ayant souscrit à des polices d’assurance aux conditions parfois floues. Notamment sur les modalités de prise en charge dans le cadre d’une pandémie.

Des situations qui se règlent au cas par cas

Des situations qui se règlent au cas par cas
Les assurances : des couvertures toujours efficaces ?

Il serait faux de considérer de façon binaire la gestion de la crise par les assureurs. Si certains n’ont pas tardé à effectuer les remboursements qu’imposaient les contrats, d’autres traînent en longueur. D’autres assurés encore font face à des contrats qui sont parfois flous, rendant la prise de décision encore plus complexe. Le traitement des dossiers au cas par cas ne permet pas non plus un traitement des plus rapides de l’ensemble des dossiers.

En ce sens, les assureurs ont pu générer de la frustration chez les assurés. Entre volonté délibérée de gagner du temps et analyse de situations parfois extrêmement complexes, la limite est parfois mince.

D’autres initiatives, comme celle de la MAIF qui a décidée de rembourser les primes d’assurance automobile des conducteurs pendant les mois de confinement contrastent ont évidemment été beaucoup mieux accueillies par le public. Si en public cette initiative a été saluée, elle montre une certaine forme de discordance et fait grincer en coulisses. En plus de montrer une forme d’absence de front commun du secteur de l’assurance. Pour certains, c’est même un joli coup de pub que s’est offert la MAIF. Certaines voix, à l’instar de celles des courtiers en assurance, s’élèvent également pour pointer du doigt l’absence de consensus des assureurs sur des sujets centraux comme la qualification de la perte d’exploitation.

Autre exemple ayant fait couler beaucoup d’encre, celui du Hellfest. Le 17 Décembre 2019, le célèbre festival de hard-rock souscrit à une police d’assurance pour près de 200 000 €. Soit bien avant l’apparition du covid-19. Celle-ci et censée couvrir les annulations et donner lieu à une indemnisation en cas de pandémie. Si une liste de pandémies excluait de facto le remboursement, liste qui contenait notamment le SRAS, la compagnie d’assurance refuse l’indemnisation au motif que le covid-19 n’est qu’une forme dérivée du SRAS. Ce que les représentants du festival contestent fondamentalement. L’affaire semble devoir se régler inéluctablement devant les tribunaux et l’image de la compagnie d’assurance en pâtira aux yeux du public.

L’assurance : un secteur fortement touché par la crise

L'assurance : un secteur fortement touché par la crise
Avec le tourisme et la restauration, le secteur de l’assurance se trouve lui aussi amoindri par la crise

Puisqu’il est le porteur de risque, le secteur de l’assurance a été lui aussi durement touché par la crise sanitaire. Une analyse de Lloyd’s of London de Mai 2020 tentait d’ailleurs de chiffrer le montant de la facture pour le secteur tout entier : un coût estimé à plus de 200 milliards d’euros (203) pour l’année 2020. Ces chiffres font de la crise sanitaire l’un des événements les plus coûteux de ces dernières années comme ont pu l’être les attentats du 11 Septembre ou encore l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans. L’impact global devrait être encore bien supérieur à ce qu’il était lors de ces deux événements puisqu’il est mondial et non localisé.

Sur ces 203 milliards de perte estimée, la répartition est la suivante :

  • 107 milliards d’indemnisation aux entreprises sinistrées
  • 96 milliards sous forme de moins-value sur les portefeuilles d’investissement

L’ampleur de ces deux chiffres nous montre bien que l’impact est surtout néfaste par sa durabilité, à la fois sur l’économie réelle mais aussi sur le monde de la finance qui traduit une certaine anxiété par rapport à la gestion de la crise au niveau mondial.

Début Mai, l’assureur américain IAG parlait de « plus grosse catastrophe à laquelle le secteur de l’assurance ait été confronté« . Certains groupes, même mondiaux manquent également de liquidités, entraînant des refus de remboursement parfois tout à fait valables ou encore des délais de traitement des demandes beaucoup plus long qu’à l’accoutumée.

Car si on détaille souvent les mauvais chiffres du secteur sous le seul prisme des indemnisations, ce n’est pas la seule variable explicative. En effet, la crise sanitaire a plongé de nombreuses entreprises et de nombreux pans de l’économie dans une situation d’incertitude. De facto, les réassurances sont moins importantes que d’accoutumée et les besoins sont reconduits pour le moment à leur strict minimum. Le secteur dans son ensemble semble souffrir d’autant plus sur ce point.

Le volume des primes encaissées est au plus bas, et n’ont pas été compensées par une forte hausse de la tarification (+ 14 % en moyenne chez Axa).

Un virus qui cristallise les tensions entre les assureurs

Un virus qui cristallise les tensions entre les assureurs
Certains groupes semblent avoir voulu profiter de la crise sanitaire pour redorer leur image !

Si certains notaient l’absence d’un consensus et d’un front commun du secteur, c’est en réalité bien pire. La crise sanitaire semble avoir accentué les divisions entre les différents groupes d’assurance.

Comme nous l’évoquions, l’annonce de la MAIF de rembourser plus de 100 millions d’euros à ses assurés devant la baisse du nombre d’accidents pendant les mois de confinement a été globalement très mal accueillie par la concurrence. Celle-ci criait alors à l’opportunisme.

De son côté, le Crédit Mutuel invoquait son « devoir moral » pour justifier le versement de plus de 200 millions d’euros de prime à ses clients professionnels. Sans oublier de préciser au passage que les contrats concernés ne couvraient pas la perte d’exploitation dans le cadre d’une pandémie. De nombreux concurrents parlent de « campagne de communication trompeuse ». On en aurait fait usage à la fois pour valoriser son image mais aussi minorer les indemnités contractuellement dues.

Selon certains professionnels de l’assurance, ces quelques exemples laissaient à penser aux yeux du grand public que tous les assureurs étaient en mesure d’indemniser. Ce qui ne semble pas être le cas.

Le risque pandémique : un facteur de risque connu depuis de nombreuses années

De nombreux assureurs se sont dans un premier temps retranchés derrière la crise sanitaire comme cas de force majeure et événement exceptionnel. Mais un tel risque était pourtant bien présent et bien identifié par les assureurs eux mêmes. Comme nous le précise Fabrice Domange, président du directoire du courtier en assurances Marsh, le risque pandémique fait partie des plus gros facteurs de risque pour le secteur des assurances depuis de nombreuses années.

Dès 2018, Marsh et Munich Re lançaient d’ailleurs une couverture pour garantir les pertes d’exploitation contre le risque pandémique. De plus, pour certains observateurs, la ligne de défense de certains assureurs est parfois difficilement audible. En effet, certains assureurs prétendaient assurer contre un risque pandémique. Mais au final, ils se retranchent derrière le caractère systémique de la pandémie pour justifier l’absence de remboursement.

La mise en place d’un fond comme solution pérenne ?

La mise en place d'un fond comme solution pérenne ?
Les professionnels cherchent des solutions pour mieux mutualiser le risque

Si la solution de constituer un fond peut sembler intéressante, celle-ci semble plus difficilement acceptable après coup. En effet, cela signifierait pour de nombreux professionnels, des charges supplémentaires. En des temps ou les chiffres d’affaires sont au plus bas.

Des idées de divers groupes ayant travaillés sur la question ont émergés comme :

  • Une plus grande gestion du risque par les entreprises via une consolidation des fonds propres
  • Le renforcement des garanties offertes par les compagnies d’assurance
  • La création d’une surprime fonctionnant selon les mêmes modalités que les catastrophes naturelles.
  • Rendre l’assurance « risque systémique » obligatoire en l’adossant par exemple à d’autres garanties comme la couverture incendie.

Pour les acteurs, assureur et assurés, il s’agit d’assurer une meilleure mutualisation du risque. C’est vers cet objectif que la plupart des propositions s’articulent.

La situation et la recherche de solutions se pose aussi ailleurs en Europe ou les mêmes débats animent l’opinion publique. C’est par exemple le cas au Royaume-Uni ou en Espagne. Dans ces deux pays, la question de la couverture des pertes d’exploitation fait également rage.

Les enseignements à tirer de cette crise sur le secteur de l’assurance

Concernant les particuliers ou les entreprises, des événements comme le covid-19 rappellent l’importance d’une bonne gestion du risque. En ce sens, la souscription à une politique d’assurance n’est pas un acte d’achat comme les autres. La seule variable du prix et du montant de la cotisation n’est pas pertinente à isoler.

Si l’impact économique pour le secteur est bien réel, l’impact en terme d’image est tout aussi préjudiciable. Dans ce contexte, certains assureurs pourraient chercher à se démarquer de la concurrence. Pour cela, ils endossent le rôle d’assureur plus responsable aux yeux du grand public. Le risque pandémique avait bien correctement été analysé par les différents services risques des plus grands assureurs. Cependant, la mise en corrélation de moyen adéquats ne s’est de toute évidence pas faites. Par ailleurs, même si certaines polices d’assurances prévoyaient de couvrir ce risque, les souscripteurs ne se bousculaient pas au portillon.

Enfin, si certaines entités avaient fait la démarche de souscrire à ce genre d’assurances, à l’instar du festival Hellfest, les assureurs n’ont semble t’il pas joué le jeu, se retranchant parfois derrière une lecture discutable des clauses et des conditions du contrat.

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Romain Boyer Rédacteur Web

Romain Boyer Rédacteur Web

Après une licence en économie, un master en management stratégique à l'IAE de Bordeaux et un voyage de près de 18 mois à travers le monde, Romain s'est lancé dans la rédaction web. Toujours en veille des aspects techniques et de nouvelles pratiques sur son métier, il écrit principalement sur les thématiques naturellement liées à sa formation : finance, économie, immobilier. Romain travaille en tant que rédacteur web SEO depuis près de 5 ans, et publie régulièrement sur Actufinance.

Depuis 2022, il porte aussi la casquette de Consultant SEO et réalise des audits de sites internet pour ses clients. Issu d’une formation économique avec une licence validée à l’Université de Bordeaux et un master en école de commerce (IDRAC Bordeaux), il commence à exercer en tant que rédacteur sur des thématiques liées à l’immobilier et à la finance. Poussé dans le bain des actifs numériques, il s’intéresse au potentiel disruptif qu’offrent ces actifs d’un nouveau genre. Romain estime qu’ils sont encore trop peu à considérer les cryptomonnaies comme des monnaies à part entière.

C’est ainsi dans une démarche de démocratiser l'usage et la compréhension des cryptomonnaies que Romain collabore activement avec nous. Lorsqu’il ne traite pas de l’actualité crypto, il rédige des guides complets sur le trading, les actions à fort potentiel ou encore les manières de bien diversifier son portefeuille d’actifs.

Sur son temps libre, Romain apprécie voyager, refaire le monde autour d’un bon verre de vin, discuter de la philosophie autour des actifs numériques, mais aussi s’adonner à la pratique du sport. Après une longue journée de travail, rien de tel que d’enfiler une paire de chaussures pour une séance de fractionné.

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