Affaire Terra : Binance forcé de coopérer avec les autorités contre Do Kwon ?

Après le fiasco de l’écosystème Terra en 2022, l’heure est désormais à la répartition des responsabilités et au jugement des présumés coupables. Tous les yeux se tournent vers le PDG déchu de Terraform Labs, Do Kwon, désormais détenu au Monténégro. Plusieurs autorités essaient maintenant rassembler les preuves pour établir le rôle de Do Kwon dans la chute de Terra et les éventuelles malversations du dirigeant. Pour cela, elles demandent la collaboration d’un autre acteur très connu du secteur crypto : le PDG de Binance, Changpeng Zhao alias CZ.

Trois pays demandent des comptes à Do Kwon

Décidément, l’emblématique PDG de Binance, CZ, ne se fait pas que des amis dans la cryptosphère. Nous avons déjà pu constater la nature parfois déconcertante de ses rapports avec Sam Bankman-Fried, l’ex-PDG (déchu lui aussi !) de l’échange FTX. Cette fois, CZ se retrouve impliqué (de gré ou de force ?) dans les déboires de Do Kwon avec la justice.

Longtemps en cavale (inavouée !) après l’effondrement de son « empire », Do Kwon s’est finalement fait prendre en mars 2023. Les autorités du Monténégro ont mis la main sur l’ancien PDG de Terraform Labs. Pour l’instant, Do Kwon est inquiété pour fraude de passeport. Mais ce n’est pas tout !

Les procureurs de Corée du Sud accusent Do Kwon d’avoir enfreint la loi sud-coréenne sur les marchés des capitaux. La SEC (Securities and Exchange Commission) des États-Unis l’a également inculpé de huit chefs de fraude liés à des investisseurs américains. D’ailleurs, les États-Unis et la Corée du Sud ont tous deux demandé son extradition.

CZ indirectement impliqué dans l’affaire Terra

Alors que Do Kwon est toujours détenu au Monténégro et attend le verdict du tribunal pour possession de faux documents de voyage, les procureurs sud-coréens continuent d’intensifier leur enquête sur le PDG, ses partenaires et Terraform Labs.

Les procureurs suspectent Do Kwon d’avoir détourné de l’argent dans l’affaire Terra. Il aurait ensuite utilisé l’exchange Binance pour échanger ces actifs contre du Bitcoin. Evan Spicer, directeur de l’entreprise MyChargeBack spécialisée dans les enquêtes judiciaires sur les cryptos, estime que la valeur des actifs de Do Kwon pourrait atteindre « des milliards » !

Les autorités craignent néanmoins que Do Kwon parvienne à liquider ses avoirs. C’est pourquoi elles demandent désormais à CZ d’empêcher Do Kwon et ses partenaires d’accéder à la plateforme ou de transférer des actifs.

Une coopération fortement « encouragée »

D’après Evan Spicer, CZ ne peut pas vraiment se permettre de ne pas coopérer. Pour lui, « il serait dans leur [Binance] intérêt de coopérer avec les procureurs sud-coréens à la lumière des développements majeurs ». Rappelons que depuis plusieurs mois, Binance prend ses distances avec les États-Unis, dans l’espoir de se mettre à l’abri de la pression grandissante imposée par les régulateurs américains.

Par ailleurs, la Corée du Sud, autre pays où Binance est fortement implanté, est également proche des États-Unis. Et la Corée du Sud compte un ressortissant tristement célèbre (Do Kwon) sur lequel le pays compte bien faire toute la lumière. CZ ne peut donc pas se permettre de prendre la Corée du Sud a rebrousse poil et de lui mettre des bâtons dans le roues.

« Binance a vraiment fait un effort pour sortir le plus possible des États-Unis pour essayer de se protéger. Il ne voudra donc pas fâcher l’un de ses autres pays hôtes, surtout pas un pays qui est proche des États-Unis comme la Corée du Sud. » Evan Spicer, enquêteur crypto pour MyChargeBack

Jusqu’à présent, CZ a indiqué qu’il avait répondu aux procureurs, mais qu’il ne pouvait pas communiquer publiquement sur l’enquête en cours.