La Suède présente le titre honorifique d’être l’économie mondiale qui a le moins recours au cash dans ses transactions. En effet, moins de 10 % des transactions dans le Royaume nécessitent le recours à la monnaie fiduciaire. C’est dans ce contexte particulièrement favorable aux monnaies numériques que le pays cherche à développer sa monnaie numérique : la e-krona (couronne électronique).
Un projet test depuis le début de l’année
En Février 2020, la banque Risbank annonçait émettre ses premiers e-couronnes, après une phase de test qui aura durée plus de 3 ans. Avec un lancement grand public prévu pour Février 2021. Entre temps, la crise sanitaire est passée par la, retardant au passage bon nombres de projets politiques, monétaires et sociaux à travers le monde. Pour le projet suédois, la mise en circulation de la e-couronne ne devrait pas avoir lieu avant 2022.
La Suède est une économie mure pour ce genre de projets comme en atteste son très faible taux d’utilisation de l’argent liquide. Pour l’année 2019, moins de 10 % des transactions ont nécessité une monnaie fiduciaire (pièces ou billets) comme intermédiaire d’échange. Une tendance qui a encore été accélérée par la crise sanitaire. Les billets en circulation ne représentent d’ailleurs plus que 1 % du PIB suédois. Ce pourcentage est d’environ 8 % pour l’Union Européenne et près de 11 % pour les Etats-Unis. Que la Suède soit pionnière en la matière d’émission d’une monnaie d’état électronique n’a donc rien de choquant.
Cryptomonnaie d’état et cryptomonnaie : quelles différences ?
L’investissement en cryptomonnaie séduit de nombreux investisseurs avant tout parce qu’il s’agit d’un système décentralisé. Via les monnaies numériques d’état, il n’est plus question d’une monnaie numérique échappant aux pouvoirs publics.
En revanche, le système de blockchain reste similaire que ce soit pour les projets publics ou privés de cryptomonnaies. C’est en tout cas le cas pour le projet suédois. Ainsi, la couronne électronique fonctionne selon le même principe de chaînes de blocs que le Bitcoin, l’Ethereum ou encore Ripple.
Dans le cadre de ce projet, la question de la volatilité se pose aussi inéluctablement. A l’inverse de certains projets privés de cryptomonnaies, la Suède entend mettre sur le marché un actif plus stable. En effet, la couronne électronique sera quoi qu’il en soit indexée sur la devise du pays, la rendant de facto plus stable. On parle dans ce genre de cas de figures de « stablecoin ». En ce sens, les monnaies numériques d’état seront invariablement moins volatiles que les projets privés.
Vers un recours systématique aux monnaies numériques ?
La question mérite d’être posée. Les récents projets tendent à prouver l’importance des projets de monnaie numérique aux yeux de nombreux pays. Une chose est sûre, les projets privés comme celui de Facebook semblent faire réfléchir la classe politique et les instances dirigeantes aux quatre coins du monde.
C’est notamment le cas de l’Union Européenne et de son projet d’euro numérique. En Octobre dernier, la BCE souhaitait amorcer une phase de consultation afin d’évaluer les besoins des acteurs de la finance mais aussi du grand public. Cette phase de consultation devrait se terminer au cours des premières semaines 2021. Si le calendrier n’est pas figé, l’Union Européenne se tient prête à amorcer une phase de test dès le second semestre 2021.
En Chine, l’émission d’un yuan numérique est également une priorité. En expérimentation depuis Avril dernier, les autorités testent encore la gestion des risques d’une mise sur le marché. L’expérimentation progresse néanmoins plus vite qu’ailleurs et pourrait aussi faire de la Chine le premier état à disposer d’une monnaie numérique utilisée à grande échelle. Le projet chinois, à l’inverse des théories étudiées par d’autres états n’utilisera pas la blockchain. Il s’agira plus d’une dématérialisation monétaire.
Aux Etats-Unis, la FED garde également un oeil sur la meilleure manière d’émettre un dollar numérique. Comme plus de 80 % des pays ou des groupements de pays du monde. Outre-Atlantique, une phase de consultation pourrait permettre de cerner les attentes et les besoins des acteurs financiers mais aussi celles du grand public.
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