Actif de stabilisation en cas de crise, les cryptomonnaies tendent de plus en plus à être vus comme des pares feus au système bancaire classique. Si la volatilité des crypto-actifs est encore bien réelle, elles peuvent offrir des alternatives à des systèmes bancaires peu développés. Ce phénomène est particulièrement visible en Afrique. Les cryptomonnaies pourraient profiter de cela pour s’y développer encore plus rapidement qu’ailleurs. Tour d’horizon !
Appréhender la cryptomonnaie comme une monnaie utile
L’une des clés est de considérer les monnaies virtuelles comme le Bitcoin comme pouvant être des actifs utiles. Il est nécessaire de changer de paradigme et de ne pas voir uniquement ces monnaies virtuelles sous le seul angle d’actifs de spéculation. Bien que les deux notions soient nécessairement liées. Le Bitcoin est un actif spéculatif en grande partie parce qu’il est un actif utile.
En période de crise, les plus grands projets de cryptomonnaies comme l’Ethereum, le Ripple mais surtout le Bitcoin, sont de plus en plus plébiscités. Pour se protéger notamment de l’inflation. Sur ce point, l’exemple du Zimbabwe est parlant. Si l’état avait interdit le recours aux devises virtuelles en 2018 par l’intermédiaire de sa banque centrale, il a depuis revu sa position. Dans ce pays ou l’inflation règne depuis plus de 20 ans, les autorités cherchent à encadrer au mieux l’utilisation des cryptomonnaies.
L’Afrique : un continent favorable au développement des monnaies virtuelles
Si les monnaies virtuelles sont souvent mises en compétition avec le système bancaire plus classique, la comparaison est plus délicate à faire en Afrique. Si l’on prend en considération l’ensemble du continent, près des deux tiers des africains n’ont pas accès à un compte bancaire. La faiblesse des services bancaires est un argument de poids en faveur du développement des monnaies virtuelles.
Via les cryptomonnaies, il est alors possible pour chaque personne de devenir sa propre banque. Et ainsi de pallier aux insuffisances du système bancaire dans son ensemble. Néanmoins, l’adoption des cryptomonnaies à grande échelle nécessiterait aussi de régler un autre problème particulièrement visible : celui de l’accès à l’électricité. Selon le rapport élaboré par Arcane Research, la couverture électrique du continent n’atteint même pas les 50 %. Seuls 43 % des africains ont un accès à l’électricité.
Si l’Afrique affiche un terrain prometteur et presque idéal pour le développement des monnaies virtuelles, l’intérêt ne date pas d’hier. Dès 2011, les recherches sur le Bitcoin sont particulièrement fortes dans des pays comme le Kenya. Sur l’année 2019, parmi les 5 pays ayant les plus gros volumes de recherche sur le Bitcoin, 3 étaient des pays africains. Il s’agissait du Nigéria (1er), de l’Afrique du Sud (2ème) et enfin du Ghana (5ème).
C’est ce que le fondateur du projet cryptographique Monero, Riccardo Spagni nomme l’effet “saute mouton”. Concrètement, il s’agit paradoxalement pour des pays moins développés de devenir les pionniers dans l’utilisation de nouvelles technologies. Ici, nous parlons donc de l’utilisation des cryptomonnaies à grande échelle. Si l’intérêt est aussi réel aux Etats-Unis comme en Europe, la prégnance d’un système bancaire fort est un des facteurs explicatifs du développement plus lent des cryptomonnaies. C’est par exemple selon la même logique de l’effet saute mouton que l’Afrique était s’est rapidement équipée en 3G. Avant l’Europe ou l’Amérique du Nord.
Enfin, l’Afrique est un continent relativement jeune. Une étude de 2016 tend à démontrer que parmi les 20 pays dont l’âge médian est le plus faible, 19 se trouvent en Afrique. A l’échelle du continent, l’âge médian en Afrique est d’environ 22 ans. A titre de comparaison, il est de 42 ans en Europe. Le public plus jeune est aussi plus réceptif et sensible aux projets de monnaies virtuelles. Ce facteur constitue ainsi un terreau fertile au développement des cryptomonnaies en Afrique.
Le rôle de contre pouvoir de la cryptomonnaie
Dans l’acceptation d’une monnaie, le premier élément à respecter est la confiance dans celle-ci. Or, dans de nombreux pays africains, les populations n’ont plus confiances dans les monnaies des gouvernements. Le Zimbabwe en est d’ailleurs encore un triste exemple.
Via son aspect décentralisé, les monnaies virtuelles permettent de s’affranchir d’un organe de contrôle qui édicte les règles du jeu. Elles permettent aussi d’être un véritable frein à la corruption institutionnelle qui sévit dans certains états du continent. L’indice de perception de la corruption place d’ailleurs 7 pays africains parmi les 10 pays les plus corrompus au monde.
Au Nigéria, les autorités tablent sur le fait que la blockchain pourrait générer plus de 10 milliards de dollars d’ici 2030. Loin d’être anecdotique.
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