Si la Chine occupe le devant de la scène depuis un long moment en ce qui concerne le minage des cryptomonnaies, de nombreux acteurs souhaitent obtenir une part plus importante du gâteau. C’est notamment le cas de l’Iran, état qui fait beaucoup parlé de lui ces dernières semaines sur les questions de monnaies virtuelles.
La cartographie actuelle : une domination de la Chine
Une étude du CCAF (Cambridge Centre for Alternative Finance) mettait en début d’année en évidence une cartographie de la répartition du hachage à l’échelle mondiale. Pour les non-initiés, le hachage désigne des opérations mathématiques et cryptographiques produisants ce que l’on nomme communément une signature (ou empreinte). Dans le cadre des cryptomonnaies comme le Bitcoin, il s’agit de sécuriser le transfert d’informations entre deux systèmes. Plus schématiquement, le hashrate permet de quantifier la puissance de minage d’une machine.
Cette cartographie mettait en évidence une ultra domination de la Chine avec plus de 65 % du hashrate mensuel moyen. Les pays qui occupent les deuxièmes et troisièmes marches du podium sont les Etats Unis et la Russie, avec un pourcentage mensuel moyen respectif de 7,2 % et 6,9 % du hashrate mensuel moyen mondial. L’écart est donc extrêmement conséquent.
Bon à savoir : Le hashrate en provenance de France est d’à peine 0,2 %. Cela est principalement du au fait que la rentabilité du minage dans des pays ou l’électricité est très cher est très faible voire négative.
Néanmoins, l’étude note que la part de la Chine dans le minage mondial tend à diminuer comme en atteste également l’étude. Celle-ci précise en effet qu’en l’espace de 10 mois, le hashrate mondial moyen de la Chine est passé de 75 % à 65 %.
L’Iran : Vers une redéfinition des frontières du minage mondial ?
Depuis de longues semaines, l’Iran cherche à réguler l’activité du minage du Bitcoin. Ce fut notamment le cas avec la fermeture de plus de 1 000 fermes de minage il y a quelques semaines. Deux raisons expliquent notamment ce choix. La première est fiscale. Le gouvernement souhaite en effet mettre en place une taxation de l’électricité utilisée pour le minage du Bitcoin. La seconde est stratégique, depuis que les centrales électriques du pays sont autorisées à miner des cryptomonnaies et notamment du Bitcoin.
C’est selon cette logique que l’état s’apprête à installer des Antminers (machines pour miner du Bitcoin) dans 3 centrales du pays. Si aucune communication n’a filtré sur l’utilisation exclusive ou non de ces centrales pour le minage du Bitcoin, la puissance cumulée annoncée est de l’ordre de 6 000 MegaWatts, soit l’équivalent de 60 millions de TeraHash. Le hashrate moyen du Bitcoin est actuellement de l’ordre de 140 millions de TeraHash par seconde. En déployant ces trois centrales au minage exclusif des cryptomonnaies, l’Iran pourrait passer à l’échelle mondiale au deuxième rang des plus gros pays mineurs de Bitcoin. Au dessus de 30 % du trafic mondial alors que celui-ci n’est actuellement que d’à peine 4 %. Une révolution dans le monde des monnaies virtuelles et dans le paysage du minage.
La cryptomonnaie : un actif géopolitique ?
Si vous souhaitez investir dans les cryptomonnaies, le principal argument que l’on vous avancera est la décentralisation du Bitcoin et des autres cryptomonnaies. Si ceci n’est pas totalement vrai, elle peut facilement s’entendre par l’absence d’existence d’un organe central de contrôle des monnaies virtuelles. Pour des pays comme l’Iran ou le Venezuela, les cryptomonnaies permettent en partie de contourner les embargos et les injonctions américaines.
Si l’Iran investit aujourd’hui massivement sur les cryptomonnaies, c’est avant tout pour contourner l’impossibilité d’utiliser le système de paiement international SWIFT. Ce retrait du dispositif a été voulu par Washington. Cette déconnexion assortie à l’embargo est préjudiciable pour l’importation comme l’exportation de marchandises. Seule la Chine peut se permettre de résister à une guerre économique avec les Etats-Unis. Elle reste d’ailleurs le seul partenaire commercial de l’Iran sur le pétrole.
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