C’est le jeu politique qui veut cela. A chaque élection, son lot de secteurs qui en tirent profit et son lot de déçus. L’élection de Joe Biden n’échappera pas à cette règle. Si des pans entiers de l’économie comme les énergies renouvelables ont déjà le sourire, les adeptes des cryptomonnaies pourraient eux rapidement faire la grimace. En cause ? Une évolution du cadre règlementaire sur les cryptomonnaies. Voyons ensemble si les craintes de certains acteurs peuvent se justifier.
Nouvelle législation : vers un recul de la protection des utilisateurs ?
Quand bien même la plateforme de produits dérivés de cryptomonnaies FTX faisait partie des plus importants financeurs de la campagne de Joe Biden, les actifs numériques ne semblent pas totalement trouver grâce aux yeux du nouveau président américain. C’est en tous les cas ce que craignent certains observateurs comme Brian Brooks, le directeur de l’OCC (Office of the Comptroller of the Currency).
Selon lui, le gouvernement Biden pourrait faire face à des pressions politiques pour limiter la portée et l’utilisation des cryptomonnaies. Il met notamment en avant la volonté de certains élus de ne plus rendre possible le service de garde d’actifs crypto par les banques. Ce service, mis en avant et validé par l’administration Trump pourrait selon Brian Brooks disparaitre. Entrainant au passage une protection et une sécurisation des actifs des consommateurs moins forte. D’autres acteurs du monde des monnaies virtuelles craignent par ailleurs le lobbying du secteur bancaire qui pourrait contribuer à durcir le cadre juridique des cryptomonnaies. Selon l’OCC, le débat sur la sécurisation et le contrôle des cryptomonnaies doit perdurer, pour l’utilisateur et ne doit pas se faire au nom de la politique.
Vers un durcissement des politiques de contrôle pour les projets crypto ?
Si l’investiture du futur président est prévue pour le 20 Janvier, les autorités de contrôle sont d’ores et déjà très actives sur les dossiers. Nous pouvons par exemple citer le cas Ripple epinglé par la SEC (Securities and Exchange Commission) il y a quelques jours. Il serait notamment reproché à Ripple de distribuer des tokens en échange de contreparties non monétaires. En tout, selon l’organe de contrôle des marchés financiers, ce sont près de 15 milliards de jetons qui auraient été attribués sans licence. Pour d’autres observateurs, le cryptoactif Tether pourrait lui aussi se retrouver dans le collimateur de la SEC dans les semaines ou les mois à venir.
Néanmoins, ces interventions auraient plutôt tendance à plaider pour un renforcement de la protection des utilisateurs. A travers les interventions de la SEC, il n’est pas question de limiter le marché des cryptomonnaies mais plutôt de favoriser son développement par la promotion de politiques vertueuses et transparentes.
Joe Biden : un président pro ou anti cryptomonnaies ?
Entre craintes affichées des uns et actions politiques de l’autre, la question mérite débat. Sans qu’elle puisse faire l’objet d’une réponse parfaitement binaire. Pour constituer son équipe et ses conseillers financiers, Joe Biden s’est notamment entouré de Gary Gensler. Celui qui dirigera l’équipe financière du démocrate Biden est en effet plutôt ouvert au monde de la cryptomonnaie. Dès 2018, il qualifiait d’ailleurs le Bitcoin d’or numérique, lui attribuant au passage les mêmes caractéristiques de réserve de valeur que l’or.
Jeremy Allaire, président directeur général et co-fondateur de Circle est sur la même longueur d’onde. Selon lui, le gouvernement américain ne tardera pas à comprendre l’enjeu stratégique des cryptomonnaies dans le besoin de transformation du pays. Comme a pu l’être Internet en son temps, la cryptomonnaie pourrait être également un outil qui permet de rendre les Etats-Unis plus compétitifs.
Finalement, sans se faire sous aucun contrôle, l’essor des cryptomonnaies ne dépendra pas uniquement du monde politique. Si la nécessité de régulation et de contrôle ne fait aucun doute, notamment pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, il semble important d’accompagner le développement des projets numériques.
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