Alors qu’il avait été annoncé comme un potentiel “game changer” sur le marché immobilier, le télétravail semble pour l’heure ne pas avoir les effets escomptés. Entre potentiel de changement réel et acceptation loin d’être généralisée par les entreprises, c’est surtout l’horizon de son influence qui incite au questionnement. Comme nous le verrons, la réponse et l’impact sera peut être à chercher sur le plus long terme.
Le télétravail : la redéfinition de la mobilité ?
En amont de la crise sanitaire, une étude d’OptimHome (avril 2019) montrait que 45 % des acheteurs récents d’une résidence principale pratiquaient le télétravail. A cette époque, pour 72 % des sondés, le recours au télétravail pouvait encourager une mobilité géographique. Le potentiel brut du télétravail se trouvait alors mis en lumière et son impact sur le marché immobilier semblait alors réel.
Lors du premier confinement qui aura duré près de 2 mois, un grand nombre de français vivant dans les métropoles se disaient près à déserter les villes pour s’installer à la campagne. Si les annonces ont été nombreuses, les actes sont restés plus mesurés. Comme en témoigne notamment la hausse des prix dans l’ensemble des 16 villes françaises de plus de 100 000 habitants sur l’année 2020. Une hausse qui vient contredire en partie les envies de nature et de grands espaces annoncées au printemps dernier. La baisse annoncée du prix dans les grandes villes au profit des campagnes n’aura donc pas eu lieu. Du moins pas en 2020.
Les entreprises résistent à une adoption massive du télétravail
Si la démocratisation du télétravail a du se faire rapidement, elle tient plus à la contrainte qu’à un véritable changement de paradigme des entreprises. Pour les analystes, le télétravail est aujourd’hui plus subi qu’accepté. Et c’est l’un des freins principaux à un impact direct sur l’immobilier. Le télétravail n’est pas encore ancré dans l’ADN de très nombreuses entreprises, bien que ces points de résistance pourraient céder à plus long terme. Pour cela, il faudra vraisemblablement attendre la fin de la crise sanitaire. Les entreprises pourront alors appréhender la question du télétravail sans avoir à la traiter dans l’urgence exigée aujourd’hui.
Pour certains observateurs, cette réticence tiendrait également dans une vision ancienne du management. Celle qui consiste à contrôler les résultats et qui nécessite de facto, une présence physique. Le risque et la peur d’une certaine perte de contrôle des entreprises sur les salariés pourrait aussi expliquer cette réticence. Sans compter que pour ces observateurs, la question de la généralisation du télétravail pourrait déboucher sur la remise en cause du salariat.
Un changement structurel de la demande à plus long terme ?
L’investissement immobilier pourrait néanmoins intégrer la variable du télétravail à plus long terme. Celles et ceux qui pensent sur un horizon plus lointain, évaluent qu’un exode des grandes métropoles françaises pourrait profiter plus aux villes moyennes qu’aux campagnes. Avec également de grandes disparités entre les territoires. Les acheteurs se focaliseraient toujours sur des variables clés comme :
- La qualité de vie
- Le dynamisme économique et social de la région
- La qualité des infrastructures et notamment les infrastructures de mobilité au sein des villes mais aussi et surtout entre les villes.
- La présence de services publics
Si la question est souvent appréhendée sous l’angle de la résidence principale, les résidences secondaires pourraient également être impactées par une restructuration de la demande. A fortiori pour les petites villes attractives situées à moins de deux heures de Paris. Mais la question de l’impact du télétravail sur la mobilité se heurtera aussi à d’autres variables. Nous pensons notamment aux taux d’intérêt sur les crédits immobiliers. Pour que le phénomène prenne de l’ampleur, il nécessitera nécessairement un maintien des taux d’intérêt à un seuil relativement bas.
Ce phénomène sera à suivre sur le plus long terme. Pour exister, il nécessitera que l’entreprise dans son ensemble s’adapte en revoyant notamment sa culture interne.
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