Près des trois quarts des mineurs de cryptomonnaies dans le monde utiliseraient les énergies renouvelables. Ce sont les chiffres récemment avancés par l’université de Cambridge et présentés pour l’année 2019. Ces chiffres sont d’ailleurs en hausse de 2018 à 2019 puisqu’ils ont grimpés de 16 % sur la période. Voyons de plus prêt ce qu’ils reflètent réellement.
L’énergie hydraulique, première source d’énergie pour les mineurs
Le minage des cryptomonnaies via les énergies renouvelables se fait essentiellement via l’hydraulique. Le principal pays mineur qu’est la Chine dispose en effet de nombreux barrages et de centrales hydrauliques et hydroélectriques de très grandes capacités. Dans le détail, l’étude de l’université de Cambridge présente les chiffres suivants :
- Hydraulique : 62 %
- Eolien : 17 %
- Energie solaire : 15 %
- Autres énergies renouvelables : 6 %
Cependant, la donnée brute des 76 % est à relativiser. En effet, les chiffres de cette étude ne s’appuient pas sur une utilisation continue des énergies renouvelables. Parmi les 76 % de mineurs utilisant une énergie plus verte, de nombreuses fermes n’utilisent pas une énergie renouvelable toute l’année.
Les énergies renouvelables représenteraient d’ailleurs uniquement 39 % du total des énergies utilisées pour le minage des cryptomonnaies comme le Bitcoin.
Le minage : une affaire de saisonnalité ?
Pour mieux comprendre pourquoi certaines fermes de minage utilisent tour à tour de l’énergie fossile et des énergies renouvelables, il faut se rendre en Chine. Le pays, qui représentent près des deux tiers du minage mondial (basé sur le hashrate mensuel moyen) connait ce que l’on pourrait classer de “migration énergétique”.
Ce qu’il est important de comprendre c’est que les firmes de minage cherchent avant toute chose à payer le moins cher possible leur électricité. A mesure de leur maturité, les cryptomonnaies sont de plus en plus complexes à miner, entrainant au passage un besoin en électricité de plus en plus grand.
Dans des provinces comme le Sichuan ou le Yunnan, disposant de nombreux barrages hydroélectriques, le facteur climatique joue son importance sur cette migration. Lors de la saison des pluies dans ces provinces, les barrages tournent à plein régime et le coût de l’électricité y est plus faible. La production est ainsi vendue 30 à 40 % moins chère. La concentration de mineurs dans cette zone est alors grande à cette période de l’année.
En revanche, lorsque le coût de l’électricité augmente à nouveau, les mineurs se déplacent. En saison sèche, d’autres provinces proposent alors des tarifs plus avantageux. C’est notamment le cas de la Mongolie intérieure dont la source principale d’énergie n’est autre que le charbon. Combustible infiniment plus polluant.
En somme, c’est bien le prix qui joue un rôle décisif. Lorsque l’énergie renouvelable est moins chère car abondante, c’est elle qui est privilégiée. Lorsque les énergies fossiles sont les plus compétitives, les mineurs se tournent vers cette source d’énergie.
Les cryptomonnaies vertes : un marché d’avenir ?
Si comme nous l’avons montré l’essentiel des mineurs utilisent l’énergie la moins chère, il est aussi possible d’investir dans des cryptomonnaies qui mettent la question du minage vert au centre de leurs préoccupations.
C’est par exemple le cas de Ripple qui vise à la neutralité carbone d’ici 2030. La fintech se veut être un précurseur en la matière et affiche d’ores et déjà des ambitions carbone largement à la hauteur de l’accord de Paris puisque celui-ci vise à une neutralité carbone des états d’ici 2050. Ainsi, le groupe a déjà déployé un certain nombre de préceptes pour parvenir à son objectif comme :
- La mise en place d’outils quantitatifs de mesure de l’empreinte carbone du Ripple mais aussi des besoins internes de la société
- La création de partenariats avec des instituts de recherche traitant du lien entre environnement et minage des cryptomonnaies.
- Le soutien de l’outil EW Zero qui permet entre autre de s’assurer de la provenance et du caractère durable de l’électricité utilisée pour le minage
Certains analystes prédisent une multiplication des transactions par 10 en Ripple d’ici 2025. D’autres projets de cryptomonnaies vertes émergent, à l’instar de l’Ecocoin qui met en place un système de récompense pour ses utilisateurs. Ceux-ci sont par exemple récompensés à chaque action aidant à lutter contre le réchauffement climatique. La blockchain de Chia permet aussi un minage beaucoup plus écologique. Il y a fort à parier qu’à l’avenir, ce genre de projets de cryptomonnaies se développeront de plus en plus.
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