Face au congrès américain, le mercredi 21 septembre 2022, Jamie Dimon s’est montré peu élogieux à l’endroit du Bitcoin et de la plupart des cryptomonnaies. Écouté dans le cadre d’un projet de loi visant à réglementer le secteur des cryptos aux États-Unis, il a assimilé ces actifs cryptés à des systèmes de Ponzi. Même si ces propos s’inscrivent dans la droite ligne d’autres déclarations qu’il a faites ces dernières années, l’institution qu’il dirige s’intéresse fortement à l’univers des crypto-devises.
Jamie Dimon attaque (presque) toutes les cryptomonnaies
Afin de mieux réguler la création et l’exploitation d’actifs cryptés, dans le sillage de l’Europe et de son règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), les États-Unis planchent sur un projet de loi nommé le Responsible Financial Innovation Act (RFIA). Ce projet a été initié par les sénatrices Cynthia Lummis (Wyoming) et Kirsten Gillibrand (New-York) en juin 2022. Il vise à définir des règles pour encadrer les monnaies numériques et les intégrer pleinement au système financier des USA. Dans ce contexte, le congrès a souhaité donner la parole à plusieurs acteurs du secteur financier et bancaire. À son tour de s’exprimer, Jamie Dimon n’a pas hésité à décrédibiliser la majorité des cryptomonnaies.
Pour le CEO de la banque JP Morgan Chase & Co., ces actifs numériques (Bitcoin, Ethereum, Shiba Inu, etc.) qualifiés de monnaies servent les causes de personnes mal intentionnées. Évoquant son scepticisme vis-à-vis de la fiabilité des cryptomonnaies, il indique entre autres que ces dernières sont utiles aux personnes qui s’adonnent à des attaques par ransomware, à du blanchiment d’argent ou à diverses autres activités criminelles. Il mentionne également l’importante perte de valeur que connaît le marché des cryptos depuis le krach survenu en mai-juin 2022, dans le sillage de la dégringolade de Terra Luna. Dans son intervention, relayée par Bloomberg, il compare aussi les cryptos à des « pyramides de Ponzi décentralisées ».
Jamie Dimon: crypto tokens are “decentralized Ponzi schemes” https://t.co/HSVcL88ZY4 pic.twitter.com/zJqLtfBkMI
— Bloomberg Crypto (@crypto) September 21, 2022
Il nuance toutefois sa position, en prenant parti pour la technologie héritée des cryptomonnaies (la Blockchain) et les stablecoins.
Critiques de Jamie Dimon envers les cryptos : du déjà vu
Jamie Dimon, homme d’affaires et PDG de la JPMorgan Chase, semble assumer le fait de ne pas apprécier les crypto-devises. Les propos critiques qu’il a tenus à l’endroit des cryptos face au congrès américain en septembre 2022 ne représentent pas une première. En septembre 2017, lors du marché haussier qu’avait enregistré l’écosystème à l’époque, il avait qualifié le Bitcoin de fraude. Même s’il a rétropédalé quelques mois plus tard en 2018, sa position sur les cryptos décentralisées n’a que peu évolué. En octobre 2021, il lançait lors d’un sommet sur la finance que pour lui, le Bitcoin n’a aucune valeur. Seuls les stablecoins et la Blockchain ont ses faveurs, car il les considère comme étant réels. Face au congrès américain, il a donc à nouveau clamé haut et fort qu’il est un crypto-sceptique convaincu, qui ne considère pas le Bitcoin comme une monnaie.
Il faut dire qu’il n’est pas le seul milliardaire américain à adopter une telle position. En mai 2022, Bill Gates affirmait qu’il ne souhaite pas posséder de cryptomonnaies, car leur valeur n’est pas réelle. Il avance que ladite valeur est déterminée par ceux qui créent chaque crypto, et non par la qualité et la fonction, comme dans le cas des produits/services d’une entreprise.
La banque américaine JPMorgan Chase exploite pourtant les technologies liées aux cryptomonnaies
Malgré sa position vraisemblablement tranchée, Jamie Dimon ne se détourne pas pour autant de la révolution crypto. En 2019, la banque JP Morgan qu’il dirige a été la première à lancer son propre crypto-actif (le stablecoin JPM Coin). Ce jeton sert de devise d’échange sur la plateforme Onyx, qui fonctionne sur la Blockchain et permet d’obtenir des prêts rapides. Depuis août 2021, la banque propose à ses clients un fonds d’investissement consacré au Bitcoin. En février 2022, la JPMorgan Chase a été à nouveau la première banque à investir dans le Métavers. À travers sa division Onyx, elle s’est engagée dans le metaverse de Decentraland (MANA).
Malgré la posture critique de Jamie Dimon envers les cryptomonnaies décentralisées, la banque qu’il dirige ne manque donc aucune occasion de conforter son statut de plus grande banque au monde, en se positionnant comme un précurseur dans l’exploitation des technologies dérivées de ces actifs cryptés. Un signe que nous nous dirigeons vers un monde où la finance décentralisée et la finance traditionnelle cohabitent durablement ?