Le sujet des cryptomonnaies est sur le devant de la scène dans de nombreux pays du monde. Parce que les possibilités sont parfois gigantesques, les pouvoirs publics cherchent à légiférer pour mieux encadrer les échanges ou les paiements en monnaies virtuelles. Voici l’exemple de l’Inde, entre phases d’acceptation et de rejets des cryptomonnaies.
Marché des cryptomonnaies en Inde : Je t’aime, moi non plus.
En Juin 2018, l’Inde décide d’interdire le trading de cryptomonnaies aux institutions financières du pays. L’année suivante, un projet de loi avait même envisagé d’assortir l’interdiction d’une peine de prison. A cette date, la RBI (Reserve Bank of India) ne reconnaissait pas la légitimité du Bitcoin ou d’autres cryptomonnaies en tant que monnaies, puisqu’elles n’existaient pas sous forme physique. Toutefois, le trading des monnaies virtuelles restait encore possible pour les particuliers.
En Mars 2020, l’appareil législatif fait machine arrière. La cour suprême indienne décide de casser la circulaire de la banque centrale indienne, notamment sous l’effet des puissants lobbyistes oeuvrant pour le développement des monnaies virtuelles à travers le monde.
Inde et cryptomonnaie : un marché porteur
Rappelons qu’en Inde, près de 25 % de la population n’a toujours pas accès à un compte bancaire. Sur une population de plus de 1.3 milliards d’habitants, le chiffre laisse augurer des possibilités de développement de monnaies décentralisées comme le sont le Bitcoin.
Le second facteur qui plaide en faveur d’un marché très porteur pour les cryptomonnaies est l’âge de la population. En 2020, l’âge médian en Inde est d’à peine 28 ans. Cela signifie que 50 % de la population Indienne est agée de moins de 28 ans.
Preuve de l’engouement des indiens pour les cryptomonnaies, la décision de la cour suprême du pays en Mars 2020 a provoqué une hausse de plus de 450 % des échanges en monnaies virtuelles dans les deux mois qui ont suivis l’annonce.
Encadrement ou interdiction : le dilemme des pouvoirs publics indiens
A l’instar de l’Iran qui cherche à légiférer notamment via une taxe sur l’utilisation de l’électricité pour le minage du Bitcoin, les décideurs politiques indiens cherchent la meilleure manière de contrôler les monnaies virtuelles. Via un encadrement ou interdiction pure et simple ?
Pour les acteurs locaux, le gouvernement réfléchirait toujours à un cadre légal pour mieux encadrer les cryptodevises. Le gouvernement et les instances locales semblent en tous les cas plus réceptives aux cryptomonnaies qu’il y a quelques mois.
Récemment, Sanjay Khan, avocat chez Khaitan & Co déclarait au sujet des monnaies virtuelles « Au lieu d’une interdiction, l’Inde a besoin d’un cadre réglementaire pour protéger les consommateurs mal informés pour assurer une surveillance adéquate du gouvernement sur les entreprises liées aux crypto-monnaies ». Selon lui, les cryptomonnaies sont une occasion en or d’attirer les investisseurs et les entreprises directement liées à ce marché.
La décision que prendra l’Inde est par ailleurs scrutée avec beaucoup d’attention dans toute l’Asie. En effet, si quelques pays comme l’Ouzbékistan ou le Qatar ont déjà pris la décision d’interdire les échanges de monnaies virtuelles, aucun de ces deux marchés ne peut être véritablement comparé à l’Inde. Une interdiction des échanges pourrait déclencher des actions politiques en cascade des pays voisins.
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