Pendant les quelques semaines du confinement, l’incertitude a encore mis en avant la tendance des ménages à l’épargne en période d’incertitude. Ce comportement est bien légitime et il repose sur un concept très simple : la confiance ou la crainte dans l’avenir. Lorsque la confiance s’érode, les ménages épargnent et ont tendance à déserter l’investissement. Mais alors que les premiers signes de la reprise économique se font déjà sentir, comment donner envie aux ménages d’investir plutôt que d’épargner ? Est ce que les deux concepts sont d’ailleurs nécessairement opposables frontalement ? Eléments de réponse dans cet article !
Le point clé : Restaurer la confiance des ménages
C’est le point central et de départ de toute stratégie d’investissement. La confiance des français dans l’avenir a besoin d’être restaurée.
Chaque mois, l’INSEE publie un baromètre sur la confiance des ménages français. Pour le mois de Septembre 2020, celle-ci reste stable après plusieurs mois de baisse. Le baromètre se construit par l’agrégation de plusieurs indicateurs. Ainsi, les sondés sont interrogés selon deux axes : la situation de la France et la situation de leur propre ménage. De fait, les enquêtes abordent un certain nombre de sujets comme :
- Les opinions au sujet du niveau de vie sur les 12 derniers mois
- Le niveau de vie anticipé sur les 12 prochains mois
- L’inflation ressentie sur les 12 derniers mois
- Prévision d’inflation sur les 12 prochains mois
- Les prévisions des chiffres du chômage sur les 12 prochains mois
- La situation du ménage sur les 12 derniers mois
- La situation financière anticipée des ménages sur les 12 prochains mois
- Capacité d’épargne actuelle du ménage
- La capacité d’épargner dans le futur
Ce qu’il est important de noter c’est que l’INSEE ne se base pas systématiquement sur des réalités objectives mais plutôt sur le ressenti des sondés. C’est via l’agrégation de toutes ces réponses que l’institut national de la statistique et des études économiques peut extrapoler un baromètre de confiance. Depuis cet été, celui-ci semble être en diminution constante. Comme le suggère le graphique ci-dessous.
Comme pour 2018, l’après crise est synonyme de perte de confiance pour les ménages.
Arbitrage épargne / investissement, un match déséquilibré en période de crise
Comme le prouvait les collectes records du Livret A pendant la durée du confinement, les français arbitrent en très large majorité pour l’épargne en période de crise. Quand bien même cette épargne ne serait pas ou très mal rémunérée.
En Avril 2020, le livret A atteignait un niveau de collecte de 5,5 milliards d’euros pour un taux de rémunération toujours fixé à 0,5 %. Dans le même temps, l’inflation grimpait de 0,4 %. Soit un différentiel positif de 0,1 %. Les mêmes constatations ont été faites pour les mois suivants, notamment pour Mai.
Pour le mois de Septembre, l’INSEE met en avant que la part des ménages considérant qu’il est “opportun d’épargner” est en hausse. Pour le cinquième mois consécutif. Depuis de nombreuses semaines l’encours des français sur les comptes courants et les livrets A a dépassé la barre des 1 000 milliards d’euros. Soit un peu moins de la moitié de la richesse nationale créée en une année avant la crise.
Car si l’arbitrage tient souvent dans le “ou”, certains économistes mettent aussi en avant qu’il est possible à la fois d’épargner et d’investir. Si l’épargne de précaution doit constituer une réserve pour l’épargnant, celle-ci ne doit pas lui interdire d’investir sur certains actifs comme les actions. D’autres actifs comme l’investissement immobilier notamment via les SCPI semblent également se relancer depuis quelques semaines.
Taxer les dépôts : une solution viable ?
Si la solution peut paraitre extrême elle est utilisée par d’autres banques dans d’autres pays. C’est notamment le cas de la banque suisse UBS qui facture dorénavant les dépôts. Ainsi, les clients détenteurs d’un compte dépôt dont le solde est supérieur à 500 000 francs suisses devront payer chaque année. Les frais sont évalués à 0,6 %. Ils grimpent même à 0,75 % pour les dépôts supérieurs à 2 millions. Le Crédit Suisse, concurrent d’UBS s’est aussi lancé dans cette pratique. D’autres banques suisses ont également emboité le pas.
Ailleurs en Europe, l’idée fait son chemin et se développe comme en Norvège, en Suède ou en Allemagne. Si en France le groupe Rotschild & Co a bien étudié la question, la mesure n’est pour l’heure pas appliquée.
Jusqu’à quand ? C’est la question que peuvent se poser les acteurs du système bancaire et les épargnants de différentes banques françaises mais aussi européennes.
Le succès des prêts garantis par l’Etat
La banque publique d’investissement (BPI) est l’organe qui gère le dispositif. Depuis le lancement de celui-ci, le succès semble être au rendez vous. Les prêts garantis par l’état permettent aux différents groupes bancaires de déployer des prêts à l’attention des entreprises dont le chiffre d’affaire est inférieur à 1,5 milliards d’euros.
Début Octobre, les prêts déjà contractés représentaient plus de 100 milliards d’euros. Plus de 600 000 entreprises sont pour l’heure concernées. Le groupe BPI France table par ailleurs sur un niveau au delà des 140 milliards d’euros d’ici la fin de l’année 2020. Date à laquelle le dispositif cessera. Cela représentera alors environ la moitié des 300 milliards que l’état s’engageait à couvrir dès le mois de Mars.
Concrètement pour les entreprises qui en feraient la demande d’ici fin Décembre, il s’agira d’un prêt pouvant représenter soit :
- 3 mois de chiffre d’affaires (ou 25 % du chiffre d’affaire annuel)
- 2 ans de masse salariale pour les entreprises nouvellement créées
Le prêt contracté ne demande pas de remboursement la première année. Après un an, au bon vouloir de chaque entreprise, celles-ci pourront amortir le prêt sur une durée s’étalant de 1 à 5 ans.
Si le succès du dispositif est à mettre en avant, il ne doit pas occulter l’accès parfois très compliqué pour certaines TPE. Si les taux de refus sont minimes (de l’ordre de 2%), certaines TPE ne reçoivent parfois aucune réponse de leurs conseillers bancaires.
Un nouveau produit d’investissement accessible pour les ménages dès le 1er Octobre
Le plan de relance français est de l’aveu du gouvernement un plan basé sur la consommation des ménages et sur l’investissement des entreprises. Mais aussi sur celui des ménages. A ces fins, le ministre de l’économie Bruno Le Maire vient de dévoiler la création d’un nouveau produit financier. Sobrement nommé BPIFrance Entreprises 1, ce produit qui devrait être rendu disponible pour le mois d’Octobre prévoit de donner une corde de plus à l’investissement dans les structures comme les PME (petites et moyennes entreprises).
Concrètement, il s’agit d’un fond de private equity dans lequel sont présentes 1 500 entreprises françaises dans des secteurs très divers. Des services en passant par le digital et jusqu’à l’industrie. Pour le souscripteur, il s’agit alors d’acheter une part du fond, pour un ticket d’entrée minimum de 5 000 €.
L’investisseur détiendra alors un actif extrêmement diversifié. Néanmoins, la banque publique d’investissement attire l’attention des investisseurs sur le capital non garanti. Par ailleurs, la prise de parts dans ce fond entrainera un blocage des montants investis pendant 5 ans. Enfin, en terme de rendement, en se basant sur les performances passées de ces 1 500 entreprises, celui-ci pourrait être estimé entre 5 et 7 %. Sans pour autant que les performances passées ne puissent présager des performances futures du même ordre. L’objectif du fond est de lever plus de 190 millions d’euros d’argent frais qui pourra être réinjecté en dans ces 1 500 entreprises.
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