En pleine période de publication des résultats des entreprises, les marchés boursiers frétillent. Avec une année 2020 qui aura forcément été bouleversée par la crise sanitaire, ces résultats pourraient être le baromètre d’une reprise économique durable.
Des marchés trop optimistes post-covid ?
C’est le constat que font un grand nombre d’observateurs. Après l’effondrement en seulement quelques jours de la totalité des places boursières du monde, la tendance s’est rapidement inversée. Signe d’une plus grande volatilité des marchés ou d’un optimisme exacerbé ? La question reste entière. Le graphique ci-dessous, tiré de Trading View retrace l’évolution de l’indice boursier CAC 40 depuis 1988. Sur celui-ci nous pouvons identifier deux phases haussières, chacune suivie d’une phase baissière longue après le pic.
Au premier pic, nous sommes en l’an 2000 et la bulle financière vient d’éclater. S’en suivra ensuite une phase de baisse qui durera près de 3 années. Le CAC 40 passe alors d’environ 6 600 points à moins de 2 600 points. Soit une baisse de 60 % de son cours en l’espace de 36 mois.
Même constat en 2008 avec une phase baissière qui aura duré plus d’un an et demi. Néanmoins, on constate que la crise sanitaire n’a pas reçu le même traitement. Avec un marché qui est reparti immédiatement à la hausse après une très forte chute qui aura duré un mois. Si les circonstances sont différentes, la lecture graphique peut laisser à penser à une correction qui pourrait intervenir dans les mois qui viennent. Le même constat est dressé aux Etats-Unis, ou l’indice boursier S&P 500 a connu sa plus forte progression sur 12 mois depuis 1936.
Peut-on considérer le marché comme une bulle ?
Une bulle se caractérise par une décorrélation entre les marchés financiers et l’économie réelle. La bulle se caractérise par une “accélération rapide des prix et des valorisations des actifs”. Nous sommes alors en présence d’une valorisation boursière trop importante au vu des caractéristiques intrinsèques de l’actif ou du groupement d’actif étudié. C’est d’ailleurs ce que l’on reproche souvent à l’action Tesla dont la valorisation est en grande partie guidée par la capacité future et non actuelle de l’entreprise à générer des bénéfices.
Mais ce qui peut faire craindre ce risque de bulle tient surtout dans l’observation d’une forte tendance haussière, notamment sur les indices boursiers alors que l’incertitude économique continue de perdurer.
Pour étayer le propos, voyons ensemble l’évolution d’indices boursiers majeurs sur les 12 derniers mois :
- CAC 40 : + 39,3 %
- DAX 30 : + 43,2 %
- S&P 500 : + 45,5 %
- Nasdaq : + 58,7 %
- FTSE 100 : + 19,1 %
- Dow Jones : + 40,8 %
- Nikkei 225 : + 46,6 %
Cette tendance avait notamment été observée lors de la crise des subprimes. Avec des prix immobiliers qui sont montés en flèche avant de chuter très fortement.
Y’a t-il des raisons objectives à cette forte reprise boursière ?
Pour nuancer quelque peu le propos, il est en effet utile de préciser que la crise sanitaire reste structurellement très différente des crises de l’an 2000 et de la crise de 2008. Certains paramètres tangibles tendent à expliquer le comportement des marchés.
Tout d’abord, la forte injection de liquidités dans l’économie de la part des banques centrales. Un phénomène qui a pour conséquence directe, l’appréciation du cours des actifs boursiers.
L’avancée sur les vaccins a également eu un rôle important sur cette reprise rapide. Rappelons qu’il y a quelques mois, il s’agissait du sujet de préoccupation numéro 1 des marchés et que les premières annonces positives avaient fait s’envoler les principaux indices boursiers de la planète.
La publication des résultats des entreprises comme juge de paix ?
C’est dans ce contexte de reprise économique couplée à une forte hausse des marchés que les résultats des entreprises sont particulièrement attendus. Aux Etats-Unis, on s’attend à des résultats très encourageants, tout comme en France ou le secteur du luxe, avec des têtes d’affiche comme LVMH ou encore Hermes qui devrait contribuer à tirer le marché vers le haut.
Dans le cas contraire et avec des résultats moyens, les marchés pourraient très fortement corriger à la baisse. La publication des résultats devrait en tous les cas permettre de tirer des enseignements supplémentaires sur les secteurs qui ont le mieux résisté à la crise. Les valeurs du luxe, du digital ou encore le secteur de la santé semblent tirer leur épingle du jeu. A l’inverse du secteur touristique dans son ensemble qui souffre depuis des mois.
Selon Christian Saint Etienne, économiste et analyste politique, la crise sanitaire pourrait à terme nécessiter la restructuration d’environ 15 % de l’économie française. Un chantier qui nécessite la formation de plus de 2 millions de personnes.