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FinCEN Files : Les plus grandes banques mondiales impliquées dans le blanchiment d’argent

La révélation la semaine dernière a fait l’effet d’une bombe. Entre 1999 et 2017, cinq groupes bancaires d’envergure et de notoriété mondiale ont permis le blanchiment de plus de 2 000 milliards de dollars. C’est à dire l’équivalent du PIB annuel d’un pays comme l’Italie. Comment cela a t’il été possible ? Comment les informations ont-elles fuité ? Est ce que ces révélations ont des répercussions sur les marchés financiers ? C’est sur ces quelques questions que nous allons nous pencher.

FinCEN Files : De quoi s’agit-il ?

C’est via le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) que l’enquête a permis de mettre au jour ces malversations. Cet organisme avait par ailleurs déjà été à la source des révélations en 2016 sur les fameux “Panama Papers“. Ces révélations avaient permis de présenter au monde les manipulations de nombreuses entreprises. Notamment en ce qui concerne le blanchiment d’argent ou l’évasion fiscale.

Pour enquêter, les journalistes se sont basés sur les rapports du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN). Ceux-ci font alors état de plus de 200 000 transactions financières suspectes pour un montant supérieur à 2 000 milliards de dollars. Le FinCEN est par ailleurs une branche spécialisée dans la lutte contre le blanchiment d’argent, les délits financiers et le financement du terrorisme. L’organe est directement rattaché au Trésor américain.

Les révélations de blanchiment concernent 170 territoires à travers le monde. Les documents ont mobilisés près de 400 journalistes de 88 pays différents.

FinCEN Files : 5 banques dans la tourmente

FinCEN Files : 5 banques dans la tourmente
HSBC : Une banque dans la tourmente

Si le scandale est mondial, certains groupements bancaires ressortent plus que d’autres par l’ampleur de leur implication.

Il s’agit de :

  • JP Morgan Chase
  • Standard Chartered
  • HSBC
  • Deutsche Bank
  • Bank of New York Mellon

Le consortium des journalistes ainsi que BuzzFeed citent rapidement d’autres entités impliqués dans les SAR. Ainsi, des noms de groupes comme ING, Bank of China, Barclays, la Commerzbank ou encore la Société Générale (membre de l’indice français de référence : CAC 40) se voient à leur tour impliqués.

Les différentes investigations tendent aussi à démontrer l’implication et le manque de réactivité des gouvernements face à des situations parfois connues depuis des années. Le gouvernement américain est particulièrement visé par ces allégations.

Des révélations qui mettent le doute sur les méthodes de contrôle

Comme le scandale Wirecard avait pu permettre de mettre en avant la défaillance des organismes de contrôle Allemand, notamment la BaFin, ces révélations jettent l’opprobre sur les systèmes de contrôle bancaire. A la fois au niveau des banques mais aussi et surtout des organes de contrôle.

Dans le cadre américain, c’est le FinCEN qui est en charge de collecter les rapports relatifs aux activités suspectes (SAR pour “Suspicious Activity Reports). Les SAR américains sont analogues aux déclarations que doivent faire les banques françaises à la cellule de lutte contre le blanchiment Tracfin lors de la détection de mouvements suspects.

Les institutions financières sont tenues de fournir des SAR lorsqu’elles suspectent leurs clients de se livrer à des activités frauduleuses. Les différentes investigations tendent à prouver qu’une grande partie des SAR ne donnent jamais lieu à une quelconque enquête ou vérification. La cause ? Le manque de personnel évident. En 2019, le FinCEN a reçu plus de 2 millions de SAR quand les effectifs étaient dans le même temps réduits de 10 %. Pour les journalistes, une grande partie des SAR ne sont donc jamais étudiés faute de moyens humains.

De plus, les documents témoignent aussi d’une certaine différenciation dans l’interprétation du blanchiment d’argent. A l’heure ou le blanchiment est totalement internationalisé, les règlementations bancaires et financières peuvent diverger selon les pays ou les régions. En terme de contrôle, cela peut parfois les rendre beaucoup plus complexes. En revanche, l’obligation de vigilance qui incombe aux établissements européens et américains est similaire d’un point de vue du droit.

La transparence bancaire à nouveau remise en cause ?

La transparence bancaire à nouveau remise en cause ?Si ces révélations mettent le doute sur les organismes régulateurs, elles permettent aussi de mettre à jour les systèmes de détection des banques, parfois défectueux ou jugés trop complaisants.

L’enquête tend également à montrer que les banques sont parfois les premières victimes de leur politique de manque de transparence. Ainsi, elles font parfois circuler de manière passive des sommes entre des comptes bancaires de tiers (personnes physiques ou société) qu’elles ne peuvent identifier formellement. Dans certains cas, ces mouvements financiers relèvent du blanchiment d’argent. De la fraude fiscale en passant par les différents trafics (drogue, armes…) sans que les signaux d’alerte ne puissent se déclencher.

Pour plus de transparence, le FinCEN a récemment rappelé les 5 piliers fondamentaux que doivent respecter les banques en matière de lutte contre le blanchiment d’argent :

  • 1- Identifier et vérifier l’identité de l’émetteur d’un ordre
  • 2 – Identifier et vérifier l’identité du bénéficiaire d’un ordre
  • 3 – Obtenir des informations sur la nature de la relation entre émetteur et bénéficiaire
  • 4 – L’établissement d’un profil de risque pour les clients et la mise en place d’une surveillance continue permettant de signaler les transactions à risque
  • 5 – La bonne tenue et la mise à jour des informations personnelles des clients

Ces quelques règles de bon sens sont parfois bien difficiles à mettre en place.

La réponse des différents protagonistes face à la crise

Le 16 Septembre 2020, alors que les révélations allaient être publiées dans les jours suivants, le FinCEN annonça qu’il allait revoir ses programmes de lutte contre le blanchiment d’argent. Par ailleurs, l’organisme a condamné la fuite mettant en avant son potentiel impact négatif sur la sécurité nationale américaine. Selon l’organisme, les fuites feraient aussi peser des menaces pour la sécurité des institutions et des individus qui utilisent des SAR.

Les banques ont évidemment aussi réagi au scandale. HSBC met en avant une problématique bien connue. Néanmoins, selon eux,  les mouvement suspectés et les accusations sont antérieures à 2012, année à partir de laquelle le groupe a conclu un accord avec le département américain de la justice. Cet accord impliquait notamment la modification des procédures de détection de la fraude et du blanchiment.

De son côté, la Deutsche Bank dit travailler avec les régulateurs pour circonscrire le problème. La banque allemande évoque aussi un renforcement de sa politique de contrôle sans pour autant en préciser les modalités. La néerlandaise ING affirme avoir cessé sa relation en 2018 avec une des entreprises identifiées par les documents. Elle s’apprête à rompre toutes relations commerciales avec les entités ou les tiers identifiés comme frauduleux. L’heure est donc à la communication de crise pour l’ensemble des acteurs impliqués.

Quels impacts sur les marchés boursiers ?

Quels impacts sur les marchés boursiers ?

Les marchés boursiers ont très mal accueilli la nouvelle comme en témoigne la chute des principaux protagonistes Lundi dernier. A la bourse de Francfort, la Deutsche Bank perdait 8,76 % ce Lundi. Même constat à la bourse de Londres pour Standard Chartered qui dégringolait de près de 6 %. A Hong Kong, l’action HSBC atteignait son plus bas niveau depuis plus de 25 ans.

D’autres valeurs boursières, également citées et visées par l’enquête ont également connu une baisse significative de leur cours en ce Lundi 21 Septembre. Nous pensons à l’action BNP Paribas qui a cédé près de 7 % de sa valeur à la bourse de Paris.

En cette fin de semaine, les valeurs boursières restaient à des niveaux assez bas. L’action BNP Paribas reste à un niveau plus faible que ce qu’il était Lundi. Pour Standard Chartered, malgré un regain de forme en milieu de semaine, le cours de l’action reste au niveau le plus bas atteint dans la matinée de Lundi dernier. Chez JP Morgan, le constat est le même avec des niveaux de cours qui sont sensiblement les mêmes. Pour la banque américaine, le cours du jour atteint le niveau le plus bas depuis Juillet dernier.

La Deutsche Bank connait le même sort avec une tendance baissière observée toute la semaine. Si l’action clôturait Lundi dernier à 7,00 € après avoir ouvert à 7,50 €, elle est à l’heure ou nous écrivons ces lignes à 6,80 €.

La communication de crise n’a semble t’il pas su convaincre les investisseurs. Est ce que la tendance sera durable sur les semaines à venir ? Eléments de réponse dès Lundi !

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Romain Boyer Rédacteur Web

Romain Boyer Rédacteur Web

Après une licence en économie, un master en management stratégique à l'IAE de Bordeaux, Romain s'est lancé dans la rédaction web. Toujours en veille des aspects techniques et de nouvelles pratiques sur son métier, il écrit sur les thématiques liées à sa formation : finance, économie, immobilier. Romain travaille en tant que rédacteur web SEO depuis près de 5 ans, et publie régulièrement sur Actufinance.

Depuis 2022, il porte aussi la casquette de Consultant SEO et réalise des audits de sites internet pour ses clients. Issu d’une formation économique avec une licence validée à l’Université de Bordeaux et un master en école de commerce (IDRAC Bordeaux), il est rédacteur immobilier et finance. Poussé dans le bain des actifs numériques, il s’intéresse au potentiel disruptif qu’offrent ces actifs.

C’est ainsi dans une démarche de démocratiser l'usage et la compréhension des cryptomonnaies que Romain collabore avec Actufinance. Lorsqu’il ne traite pas de l’actualité crypto, il rédige des guides complets sur le trading, les actions à fort potentiel ou encore les manières de diversifier son portefeuille d’actifs. Il s'est également spécialisé dans les jeux d'argent en ligne et il rédige quotidiennement des guides et avis casinos.

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