Si la crise sanitaire a plongé l’économie mondiale dans un niveau d’incertitude rarement atteint, les investisseurs cherchent comme à l’accoutumée dans ces périodes troubles à placer leurs avoirs sur des valeurs plus sécurisantes. Alors que beaucoup le considèrent comme une valeur refuge en période trouble, comment le cours de l’or s’est comporté pendant la crise sanitaire ? Reste-t-il plébiscité ou est il une valeur refuge d’un ancien temps ? Eléments de réponse.
L’or : un actif, des demandes différenciées
L’or est un actif dont la demande est très spécifique et dépend de nombreux acteurs. Avant de comprendre l’évolution de son cours, il est primordial de comprendre comme la demande d’or se structure, entre consommateurs (bijoutiers, industriels) et investisseurs.
Sur l’année 2019, la demande d’or provenait pour environ 50 % des joailleries, particulièrement en Asie avec la Chine et l’Inde comme marchés très porteurs. Ces deux marchés représentent également la moitié de la demande mondiale pour la joaillerie.
L’investissement dans l’or représentait quant à lui près de 30 % de la demande mondiale sur l’année 2019. Avec ici aussi, un marché segmenté entre les achats de pièces et de lingots (pour environ les deux tiers) et celui des ETF (Exchange Traded Funds) spécialisés sur l’or physique ou l’or papier.
Les 20 % restants se partagent entre la demande des institutions bancaires comme les banques centrales et la demande pour l’industrie, notamment pour la fabrication d’appareils électroniques. Ces deux composantes ont été moins impactées par la crise sanitaire et auraient tendance à rester assez stable, quoi qu’en légère baisse par rapport à 2019.
La demande de consommation compensée par la spéculation sur le métal précieux, notamment via les ETF
Comme nous l’avons vu, la demande d’or et donc son cours dépend fortement de la demande des bijoutiers pour la fabrication de bijoux. Sur ce point, cette demande s’est vue fortement impactée par la crise sanitaire.
En Inde par exemple, l’un des principaux pays demandeurs, la saison des mariages s’étale d’Avril à Octobre. Cela a eu pour conséquence un arrêt net des commandes d’or. Sur le premier trimestre 2020, la demande d’or des bijoutiers a plongé de 40 % par rapport au premier trimestre 2019.
Si l’or était uniquement consommée par les besoins des bijoutiers, le cours de l’or aurait probablement fortement baissé avec le confinement que la crise sanitaire a engendré partout dans le monde. Néanmoins, les investisseurs se sont tournés massivement vers le métal ce qui a contribué à amortir la baisse. Si l’investissement dans les pièces et les lingots est resté assez stable, c’est via les ETF que la demande a explosée.
Dans ce cas, les ETF agissent comme une garantie d’une partie de la valeur d’un contrat futur sur le métal précieux. Dès Mars, les européens investissent massivement sur ce genre de contrats. Ils se couvrent ainsi à hauteur de 84 millions de tonnes. Aux Etats-Unis, épicentre mondiale du virus au mois de Mai, les couvertures sur l’or atteignent quant à elles 144 millions de dollars. Ces chiffres sont tout simplement historiques. Ils font ainsi des ETF le moteur le plus important de la demande mondiale d’or. Ceci, alors qu’ils ne représentaient en 2019 qu’à peine 10 % de la demande mondiale.
Crise sanitaire : Après une baisse, le marché repart rapidement à la hausse
Tous les actifs ont connu une forte baisse des cours après que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ait qualifié le Covid-19 de pandémie. Des indices boursiers en passant par les cryptomonnaies, des actions aux obligations, aucun n’y échappe.
Si quelques investisseurs (notamment au Japon) ont privilégiés des investissements plus technologiques comme le Bitcoin ou les cryptomonnaies de façon générale, nous pouvons affirmer que l’or est bien resté aux yeux des investisseurs, une valeur refuge partout dans le monde, comme en témoigne la demande exponentielle en ETF.
Le cours de l’or a été fortement impacté dans les premiers jours de la pandémie. Mais il a ensuite rapidement repris des couleurs, pour même atteindre des niveaux historiques. Si le Dow Jones a vu son indice boursier diminuer de près d’un tiers entre début Mars et le 23 Mars 2020, la chute de l’once d’or fut moins abrupte sur la même période puisqu’elle ne fut que d’environ 15 %.
D’un niveau proche de 1 350 € l’once à la mi-mars 2020, l’once d’or flirte aujourd’hui avec les 1 600 €. Ceci, après avoir dépassé en début de mois celle des 1 700 € pour une once.