L’Autorité monétaire de Singapour (MAS), institution qui sert de banque centrale pour cette région administrative spéciale de la Chine, a autorisé pour la première fois l’utilisation en situation réelle des protocoles DeFi « de qualité institutionnelle ». C’est ce qu’a révélé Decrypt ce 3 novembre, citant le fondateur de la société de crypto Aave, Stani Kulechov.
Test pilote réussi !
L’expérience a été menée la veille par les banques J. P. Morgan, DBS Bank et SBI Digital Asset Holdings. Pour cela, le protocole DeFi Aave qui est basé sur le réseau layer-2 de Polygon a été utilisé, dans le but d’effectuer des transactions de change et d’obligation d’État sur le réseau Ethereum.
À la place des versions électroniques habituellement utilisées pour ce type d’opérations, les banques ont plutôt échangé des versions tokenisées de titres d’obligations du Singapour contre des titres d’obligations du Japon. Des yens (la devise du Japon) ont par ailleurs été échangés contre des dollars de Singapour.
« Les protocoles DeFi sont conçus pour garantir que les paramètres clés du marché, tels que les taux d’intérêt, les décotes des garanties et autres, suivent la dynamique de l’offre et de la demande des actifs qui y sont négociés », souligne le groupe de réflexion Oliver Wyman Forum.
Selon le fondateur d’Aave, ce type d’utilisation de la DeFi va favoriser l’accès à de nombreux marchés mal desservis jusque-là et permettre un système « plus inclusif ». C’est un point de vue partagé d’ailleurs par le cofondateur de Polygon qui note de son côté que les institutions financières considérées comme les plus résistantes à l’innovation proposée par l’industrie crypto sont maintenant de plus en plus enclines à expérimenter les blockchains publiques.
Dans le cadre de projets expérimentaux avec la banque centrale de Singapour 🇸🇬, JP Morgan a effectué des transactions sur le protocole de finance décentralisée (#DeFi) @AaveAave Arc pour la première fois 👇https://t.co/GFLJWSZFfk
— Cryptoast – Bitcoin & Crypto-monnaies (@cryptoastblog) November 2, 2022
Elles vont intégrer des cas d’utilisation ajoutant de la valeur à leurs modèles commerciaux de base et ouvriront ainsi probablement les vannes d’une adoption massive au sein des populations, note Sandeep Nailwal sur Twitter. Pour le MAS par exemple, l’intention derrière le programme pilote est d’améliorer l’efficacité des marchés en permettant des transactions directes entre les banques.
Cela élimine les coûts d’exécution des transactions par des intermédiaires de compensation et de règlement, et à la gestion des relations commerciales bilatérales avec les contreparties.
De nouveaux cas d’utilisation à venir
Le test pilote du mercredi n’est pas la seule information importante pour l’industrie crypto à Singapour cette semaine. Les sociétés de fourniture de stablecoin Paxos et Circle, respectivement connues pour les stablecoins Pax Dollar et USD Coin, peuvent désormais opérer à Singapour.
C’est l’annonce qu’elles ont faite mercredi, précisant notamment que l’agrément de Paxos couvre l’émission de jetons de paiement numérique, alors que Circle a été autorisé à émettre des cryptomonnaies et faciliter les paiements nationaux et transfrontaliers.
Fintech Firm Circle obtient l’adhérence constitutionnel à Singapour par CoinEdition https://t.co/dGpXmTcEsn
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Depuis des années, Singapour s’affiche comme une juridiction attractive pour les projets crypto. Cette année par exemple, le fondateur de Cardano a estimé que les obstacles à l’implémentation des sociétés de cryptomonnaies dans le système économique et financier américain pourraient pousser des développeurs à s’exiler à Singapour pour profiter de règles moins contraignantes.
Les autorisations se multiplient d’ailleurs cette année pour les sociétés cryptos, comme cette autorisation reçue en juin par Crypto.com pour étendre son empreinte à cette cité-État présentée par Kris Marszalek, PDG de Crypto.com, comme un « marché florissant réputé pour son environnement commercial bien réglementé ».
Le MAS a d’ailleurs publié deux propositions de cadre réglementaire récemment, afin d’aider les régulateurs à faire face aux défis posés par les stablecoins.